On n'a pas de pétrole, mais on a des forfaits !

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Ce 15 novembre 2024, le mot était lancé : lors du traditionnel colloque prélude de la rentrée du Barreau de Liège-Huy, nous allions parler honoraires et, n'ayons pas peur des mots, "gros sous".

 

Après le traditionnel mais non moins aimable mot d'accueil de M. le Bâtonnier OLIVIER, nous pûmes aborder le coeur du débat : "L'avocat, le client et l'argent - évolution ou révolution ?", sous la houlette de Me Muriel BOELEN, Me Julie BOCKOURT et Me Jean-Pierre BALTHAZAR.

 

L'autrice de ces lignes ne peut s'empêcher de relever le sens de l'à-propos de M. le Bâtonnier OLIVIER, qui n'aurait pu proposer mieux en matière de B to B. Mais peut-être était-ce juste un hommage dissimulé au célèbre trio Benny B ? 

 

M. Jacques DEFER, maître de conférence à HEC, a abordé la notion de capitalisme et tenté d'y situer les professions libérales. Prenant l'exemple du procès intenté par les victimes de la catastrophe de Mariana au Brésil, qui a donné lieu à une levée de fonds de près de 700.000,00 euros par un cabinet d'avocats. Il n'hésite pas à plaider pour un changement de paradigme et une meilleure priorisation des intérêts financiers des avocats. Après tout, ce procès n'aurait tout simplement pas pu avoir lieu sans financement privé. Les victimes s'en porteraient-elles mieux ? Tout le monde n'est-il pas gagnant en l'état ? La question est posée.

Monsieur Antoine HENRY de FRAHAN, conseiller en management et professeur affilié à l'EDHEC Business School, a ensuite pris la parole. Ses qualités oratoires incontestables ont fait mouche.

Sur le fond, M. HENRY de FRAHAN plaide non seulement pour une meilleure information des mandats, mais surtout pour la disparition du time-sheet au profit du forfait. Ne serait-il pas aberrant d'offrir 5 heures d'avocats pour Noël ? Ne devrions-nous pas revoir la logique selon laquelle le client achète du temps ? Pour la seconde fois, la question est posée.

A nouveau, l'assemblée a été invité à changer de modèle pour modifier sa relation à la clientèle.

 

 L'autrice de ces lignes regrettera que le cas de l'avocat normalement prudent et diligent, qui encode ses prestations réelles de manière régulière, n'ait pas (suffisamment) été pris en considération, tout comme l'impact "à la hausse" que l'aléa lié aux procédures engendrera sans doute toujours sur la livraison d'un forfait.

Nul doute que tout ceci aura été approfondi durant les ateliers de fin de matinée !

Jamais deux sans trois : Tony LAW, le juriste de demain, a également pris la parole pour appeler à un changement de paradigme. Il a détaillé, avec la force de l'exemple, les stratégies à mettre en place pour parvenir à vendre à la clientèle un Iphone plutôt qu'un Samsung, s'étonnant au passage d'une cliente qui, récemment, ne comprenait pas qu'un courrier lui soit facturé 1.500,00€.

 

Comme M. le Bâtonnier n'aura pas manqué de le relever en fin d'intervention, les exemples cités sont parfois caricaturaux à nos yeux mais ont le mérite d'ouvrir le débat !

Conscient de devoir assumer le rôle de rabat-joie, tombant telle une évaluation de mi-mandat, Me Damien DESSART prit ensuite la parole pour rappeler l'importance de notre déontologie et les règles et principes applicables en la matière. Force est de constater que les normes de contrôle fixées par le Code judiciaire, dont le caractère d'ordre public a été rappelé par la Cour de cassation, tendent à freiner quelque peu les ardeurs de l'imagination ...

Vint ensuite le temps de la pause et du café, réconforts bienvenus après ces paroles trouble-fêtes.

La matinée s'est conclue par trois ateliers distincts consacrés respectivement :

1. Aux méthodes de facturation mises en pratiques (avec la participation de M. Antoine HENRY de FRAHAN et de Tony LAW) ;

2. A la prévisibilité des honoraires (regards croisés des avocats et des assureurs, avec la participation de représentantes et représentants de diverses compagnies) ;

3. Au prix dans les cahiers des charges des marchés de services d'avocats (avec la participation de M. Charles HAVARD, directeur général de la Ville de Visé et président de la fédération des directeurs généraux communaux de la Province de Liège, Me Alexandre PIRSON et moi-même).

L'auriez-vous deviné ? Ces ateliers ont été classés par ordre de fréquentation.

N'ayant pu assister qu'aux débats menés dans le cadre du troisième atelier, je me contenterai de rapporter ici les conclusions de la matinée.

 

L'importance de la relation intuitu personae a été mise en exergue dans le cadre du troisième atelier, même lorsqu'il s'agit de défendre les pouvoirs publics. M. HAVARD, dont la liberté des opinions mérite d'être saluée, n'hésita d'ailleurs pas à insister sur le fait que plutôt que d'évoquer des clients, les avocats devraient privilégier les termes de mandants voire de consultants.

Me BOELEN, pour le deuxième atelier, proposa une solution de nature à satisfaire avocats et compagnies d'assurance : le forfait relatif. Celui-ci permettrait de revoir la facturation forfaitaire en fonction d'aléas identifiés en début de mission. A noter également, l'annonce d'un futur règlement d'Avocats.be concernant le secret professionnel et les informations pouvant être transmises aux compagnies.

Me DESSARD aborda enfin le premier atelier, pour insister sur l'importance du dialogue : connaître ses propres coûts mais également connaître les attentes des personnes qui nous consultent paraissent des préalables indispensables pour évoluer vers une taxation "à la valeur" acceptable, plutôt qu'une fixation intimement liée au temps écoulé.

Enfin, nous pûmes accéder aux victuailles et au plaisir de nous retrouver pour refaire le monde, là où cela se fait le mieux : autour de mange-debout.

 

Elisabeth KIEHL

 

 

 

 

 

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