« Les dragons » de Jérôme Colin - Un récit à fleur de cicatrice

Des livres, j’en ai plein les armoires, et autant dans la liseuse et dans la tête.

Je prends aujourd’hui la plume pour évoquer « Les dragons » de Jérôme Colin, un ouvrage qui mérite d’être ouvert, et découvert.  

Je ne sais pas si cela découle du fait qu’un enfant a tout récemment déclaré, sans filtre et sans gêne, au mien que : « papa a tué maman », de ce que j’ai appris qu’un autre se scarifiait, de ce que l’on m’a rappelé il y a peu que les idéaux s’émoussent avec le temps, ou encore en raison des vingt ans de ma propre sortie des études secondaire qui approchent, mais ce petit texte, d’une centaine de pages environ, m’a particulièrement émue.

« Les dragons » raconte l’adolescence.

Un enfant, mais l’est-il encore (?), se voit placé en centre psychiatrique fermé. Il y rencontrera l’amour ; il y rencontrera la souffrance. Il y rencontrera les dragons, ces adolescents qui ne peuvent taire leur colère de devoir « faire société ».

Un adulte, mais l’est-il devenu (?), se confronte à celui qu’il a été afin d’avancer.  

L’ouvrage se lit vite, et joue la carte de l’efficacité.

Il vous raconte comment une rencontre, qu’elle soit due à un jugement ou au hasard, peut changer le parcours d’une vie. Il aborde la question de l’amour adolescent mais, c’est en tout cas mon interprétation, il se penche surtout sur la question de l’amour désintéressé, qu’un acteur adulte du système peut mettre au service de ces presqu’adultes.

Je sais que ce livre m’a marquée.

Je ne suis pas certaine de savoir pourquoi.

Ce n’est pas pour son style ; vous vous direz peut-être que nous naviguons uniquement entre le sujet, le verbe et le complément. Ce n’est sans doute pas non plus pour l’intrigue, qui est réduite à peau de chagrin, ni pour le final, un rien lénifiant, et encore moins pour sa critique gratuite de la variété française vue par un adolescent de quinze ans.

On peut aimer Eminem, Serge Lama et Disturbed, et trouver cela normal !

Non, ce livre m’a sans doute marquée comme le sel sur une cicatrice. Une grosse claque à mettre entre les mains de tous les parents, des éducateurs et acteurs ou partenaires sociaux, de tous ceux qui penseraient que la vie se résume au droit des affaires et, surtout … de tous les dragons.

Elisabeth KIEHL