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J’ai 10 ans (de barreau)
Le 25 novembre 2013, dans la salle surchauffée de la cour d’appel, j’ai prêté le serment d’avocat.
J’ai « embrassé le métier » comme on dit, pour le meilleur et … pour le meilleur, soyons positifs !
Dix ans plus tard, il est temps de faire le point.
J’ai fini mon stage, depuis longtemps mais dans ma tête, c’était hier. J’ai réussi le CAPA ; je donne même un cours de déonto aux « jeunes », c’est dire… J’ai changé de cabinet, 3 fois. J’ai même exercé toute seule chez moi, en période covid en plus.
Je ne compte plus les dossiers que j’ai ouverts et clôturés, dans des matières que je ne pensais même pas un jour pratiquer quand j’étais à l’université : successions vacantes, jeunesse, tutelles, etc. Je ne mets toujours pas un pied au tribunal de police et ça vaut mieux pour tout le monde.
Mais à part ça, que reste-t-il ?
Beaucoup de mes camarades de CAPA ont depuis longtemps quitté la profession, les autres exercent dans d’autres barreaux. Je ne les croise plus ou peu.
Je vais rarement aux audiences d’introduction et quand j’y vais, il y a bien un stagiaire qui me demande de le présenter. Chaque fois, je me demande d’ailleurs si lui sera encore là dans dix ans…
Le métier que j’ai choisi, je le considère comme le plus beau du monde mais aussi le plus difficile. Sur une même journée, on peut se réjouir, s’émouvoir, râler (beaucoup), s’énerver (parfois), et de plus en plus souvent malheureusement être malmené verbalement par les magistrats, les confrères, les clients, les intervenants…
Dix ans après, c’est surtout ça qui m’a marqué : on reçoit de plus en plus de critiques, bien souvent non fondées, qui nous font perdre un temps considérable en justifications. Tout le monde devient de plus en plus exigeant avec les autres mais de moins en moins avec soi. Ce qu’on se pardonne, on ne le tolère, en aucun cas, des autres.
Apprenez à être bienveillant et tolérant ; balayez devant votre cabinet avant celui des autres ; soyons solidaires pour faire face à ces flots de critiques voire d’injures.
N’hésitez pas à me renvoyer cet article quand, au cours d’une journée harassante, j’oublierai l’un de ces principes.
Bienvenue dans la profession aux uns et bon courage aux autres,
Laura NICOLINI
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