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Colloque du 25 octobre 2022 : « Faire valoir le droit en temps de guerre : le rôle des avocats »
Il ne pouvait être choisi de meilleur endroit que le Bastogne War Museum pour accueillir un colloque sur le thème « Faire valoir le droit en temps de guerre : le rôle des avocats ». C’est à deux pas du Mardasson et entourés de la forêt ardennaise que M. le Gouverneur de la Province du Luxembourg et MM. les Bâtonniers de Bruxelles et du Luxembourg ont introduit les intervenants de la journée.
M. Damien VANDERMEERSCH, magistrat, ancien juge d’instruction et professeur extraordinaire à l’UCL et à Saint-Louis, a ouvert la matinée en s’interrogeant sur les liens entre la guerre et le droit, la guerre étant la disqualification des droits les plus fondamentaux. Il a expliqué son rôle de juge d’instruction dans le contexte particulier du génocide au Rwanda, où il a été confronté, selon ses termes, à « l’horreur absolue » et a eu à juger de « l’insupportable ».
Ensuite, M. Jérôme de HEMPTINNE, professeur de droit international, a présenté l’architecture (complexe) des juridictions internationales et abordé la question de la création d’un tribunal spécifique voué aux crimes commis en Ukraine, sur le modèle de ceux conçus pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie - ce qui n’irait pas sans son lot de difficultés, notamment en raison du mode de fonctionnement du Conseil de sécurité des Nations Unies. A été rappelé le constat que ces juridictions ont, malheureusement, un rôle surtout symbolique et de rapprochement des peuples, plutôt que de répression. La prévention est, pour sa part, impossible, le droit arrivant toujours trop tard.
M. Philippe BOXHO, professeur et directeur de l’Institut médico-légal de Liège, a entamé son exposé en présentant les différentes méthodes d’identification d’une personne décédée, en ponctuant son récit d’une série de photographies qui ont sans aucun doute laissé un souvenir mémorable à l’assemblée. Il nous a entretenus de son expérience en tant que médecin légiste dans le cadre de la guerre au Kosovo à la fin des années 1990. Les constatations des médecins légistes présents sur place ont été fondamentales pour pouvoir qualifier juridiquement de génocide les massacres qui y ont eu lieu.
Enfin, Mme Julie GOFFIN, avocate en droit international humanitaire, nous a livré un récit fascinant sur son quotidien en tant que conseil d’enfants soldats au Congo et de femmes victimes de violences sexuelles au Mali. Elle a exposé toutes les difficultés auxquelles les avocats exerçant la matière sont confrontés, dont l’accès aux victimes sur place, les problèmes de sécurité et la gestion du stress post-traumatique des clients.
On ne ressort pas indifférent de cette conférence, mais en pleine réflexion quant à ces grands enjeux et les défis à relever. Comme l’a dit l’un des intervenants, concernant l’immensité de la tâche à accomplir et les résultats qui ne sont pas toujours aussi probants qu’on le souhaiterait, « il est toujours mieux de faire quelque chose que de ne rien faire du tout ».
Justine HUBERT
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