Interview de Madame le Bâtonnier de division Marie MONTLUC

Interview

Sarah Van de Wijngaert : Madame le Bâtonnier de la division de Huy, pourriez-vous tout d’abord vous décrire en quelques mots pour les lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore (parcours professionnel, situation aujourd’hui) ?

Marie MONTLUC : J’ai prêté serment en 2004 et réalisé mon stage auprès de Maître Christine COLLIGNON (à Amay).

En 2007, j’ai intégré le cabinet de Maître Olivier GUSTINE en collaboration interne. 

Depuis 2012, je travaille pour mon propre compte dans un cabinet situé dans le centre de la ville de Huy.

Les matières que je pratique principalement sont les mandats de justice (Administration provisoire et Règlement collectif de dettes) mais je tente de rester une avocate « généraliste ».

SI : Quant à l’évolution de la profession d’avocat, il m’apparaît que nous nous rendons esclave de l’instantanéité. Mais nous nous y astreignons nous-même. 

En effet, nous bénéficions aujourd’hui de moyens de communication très évolués et rapides qui n’existaient pas il y a 20 ans, mais cette mutation a intensifié et complexifié les rapports humains. 

Nous sommes donc soumis à une pression grandissante.

SVdW : Dans votre lettre de candidature en juin dernier, je me souviens d’avoir lu de votre plume « La confiance sera le maître mot de mon mandat » Pouvez-vous en dire plus, pourquoi est-ce si important ?

Marie M : Selon moi, la confiance s’articule autour de deux axes. 

1er axe : la confiance dans le cadre du rapprochement des barreaux de Liège et Huy. En effet, pour construire ensemble, il faut avoir confiance en l’autre, en « l’étranger ». 

2ème axe : la confiance de mes confrères au sein de la division de Huy. 

Notre société sans cesse plus individualiste démontre une tendance humaine visant à faire prévaloir ses intérêts personnels au détriment de l’intérêt général (chacun pour soi). 

Or, je souhaite rassembler, rassurer, épauler.  Un socle fiable et reposant sur la confiance est donc absolument nécessaire.

JB : Pourriez-vous préciser la fonction du bâtonnier de division par rapport aux fonctions du bâtonnier de l’Ordre unifié ?

Marie M : Le protocole prévoit que le bâtonnier de division doit : 

  • Assister le bâtonnier de l’Ordre unifié dans l’exercice de ses fonctions ;
  • Le représenter au sein de la division ;
  • Veiller à l’application des règles déontologiques et à l’organisation de l’Ordre au sein de la division ; 

La différence majeure entre les deux fonctions est que seul le bâtonnier de l’Ordre unifié peut décider le renvoi d’un avocat devant le conseil de discipline.

Je souhaite, outre les missions fixées par le protocole, être une « personne ressource ».

Par ailleurs, si nos divisions (Liège et Huy) conservent leur spécificité, j’espère participer au rapprochement le plus optimal possible pour chacun des avocats du barreau de Liège-Huy.

SVdW : Pensez-vous que le Palais de Justice de Huy tient à perdurer ? (De moins en moins d’affaires fixées, perte du Parquet général etc.) 

Marie M : Oui ! Je le souhaite ardemment et pas seulement parce que je suis de la division de Huy mais surtout parce que je pense aux justiciables qui ont besoin d’un palais de justice (d’une Maison de Justice ou encore de services comme le SAJ, le SPJ, le PEPS) proche de chez eux.

Conserver un palais et des audiences à Huy est une priorité.

SVdW : Pourriez-vous me donner un point positif et un point négatif lié au rapprochement des barreaux de Liège et de Huy ?

Marie M : Le point positif pour moi est qu’on a pu bénéficier d’une structure tout à fait opérationnelle au niveau des obligations imposées par AVOCATS.BE (cellules anti-blanchiment, RGPD par exemple) et qui a pu nous intégrer pleinement tant au niveau des organes (conseil de l’Ordre) que du personnel qualifié.

Le rapprochement a donc été réalisé dans le respect des pratiques de l’un et de l’autre barreau.

Quant au point négatif, quoi que je ne l’identifierais pas comme négatif mais plutôt comme un point sur lequel les divisions doivent continuellement travailler, ce sont nos différences.

Celles-ci sont à la fois une force et une faiblesse.

Nous devons nous efforcer de rapprocher les différences qui nous affaiblissent et conserver celles qui nous rendent plus forts ensemble.

SVdW : Que diriez-vous aux nouveaux stagiaires ayant prêté serment il y a quelques semaines ? Vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de jeunes avocats quittent leur maître de stage initial pour intégrer un nouveau cabinet.

Quel message faire passer au maître de stage dont la mission n’est pas des plus aisées ? (Outre le coût d’un stagiaire +/- 2000 €/mois, le manque de motivation parfois etc.)

Marie M : Je conseillerais aux avocats-stagiaires de s’armer de courage et d’envie de travailler.

Comme j’ai pu le dire à l’apéritif d’accueil des stagiaires hutois, le 30 septembre 2022, si pour moi, notre métier est le plus honorable, je commence à penser qu’il est de plus en plus difficile à exercer.

L’avocat doit développer de nouvelles compétences et sans cesse s’adapter aux diverses palettes du genre humain, se former toujours davantage face à un droit qui se renouvelle chaque année. 

Quant aux maîtres de stage, je leur dirai que j’ai bien conscience que la mission de maître de stage est l’une des plus importantes : former l’avocat de demain.

Ceux-ci sont un des rouages essentiels de notre profession.
 
SVdW : Quelles sont les suites que vous envisagez après votre mandat de bâtonnier de division ?

Marie M : Nous sommes le mercredi 5 octobre 2022, cela fait 35 jours que j’ai commencé mon mandat et, s’il est vrai que je n’envisage pas de disparaitre complétement du paysage ordinal, je n’ai aucun plan de carrière arrêté à ce jour.

Sarah Van de Wijngaert

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