Les (petits) maux du Bâtonnier

Bâtonnier

Chères Consoeurs,
Chers Confrères,

On voudrait faire tant, on voudrait faire plus...
Ces derniers mois de Covid et d'incertitudes économiques - elles pèsent aussi par répercussion sur la profession et les avocats - l'on peine à identifier les bonnes nouvelles ou les perspectives d'encouragement. Drôle d'époque ! Si l'on peut dire.
Ben oui, c'est qu'on ne rit pas tous les jours. Inquiets voire tétanisés par les échéances, on a parfois l'impression amère de gamberger, de subir, de s'engourdir l'esprit, de renoncer. Comment et vers où avancer ?
Et si, en définitive, la course du temps ne faisait pas si mal les choses ?
A tout prendre, n'est-il pas préférable de décider de s'éloigner des nuages et des orages ? Et le plus vite serait le mieux. Encore faut-il pour cela profiter des quelques premières éclaircies.
Il n'en manque pas mais pour cela, il faut re-lever la tête, se préparer à enfiler, le moment venu, ses joggings ou ses bottines, se mettre en marche, entreprendre de franchir le pont entre le court-termisme de l'actualité morose et le temps long, celui qui offre des perspectives positives de projets et d'avancées.
Tiens, le voilà qui justement arrive ce temps ! Un premier temps en tout cas, celui des élections et du renouvellement des organes de l'Ordre, bâtonniers de l'Ordre unifiés et de division, conseillers de l'Ordre. Une simple formalité administrative ? Ah bon ?!
Voyons les choses autrement et regardons le temps présent, pour la dernière fois.
Evoquons entre autres les difficultés et les contraintes croissantes qui pèsent sur la profession, le malaise des stagiaires et des jeunes avocat.e.s, les difficultés des maîtres de stage, les tensions avec la magistrature, l'exigence permanente de productivité et de performance, parfois au détriment de notre santé ou de l'équilibre de notre vie intérieure, la concurrence avec les autres métiers du droit, la numérisation et la digitalisation à intégrer dans nos pratiques, la paupérisation de la profession, etc...
Il exagère pas un peu le Bâto ? Bâto parano ? C'est qu'à force d'en voir sous les ors de mon bureau, on finit par se poser ce genre de questions.
Alors certes, il faut nuancer, relativiser et ne pas succomber à la pensée binaire ou simplifiée. Notre excellente oratrice de rentrée nous y conviait déjà.
Mais si tout ne va pas mal, évidemment, il est inutile d'espérer un retour à l'avocature des temps anciens, présentée comme heureuse, en quelque sorte mythifiée par les bustes et les peintures de mes illustres prédécesseurs du 20e siècle.
OK... et on fait quoi ? C'est là que ça commence.
D'abord, prenons la juste mesure des choses. Ce qui se déroule sous nos yeux, ce ne sont pas de simples ajustements de nos pratiques professionnelles et d'organisation de nos cabinets. Il s'agit d'une véritable mutation. Dès lors, nos réflexions et nos propositions de réponses doivent rencontrer de manière rapide et adéquate ce que l'on peut présenter comme un bouleversement ou un basculement. Et comme disait l'autre, le même que le "en même temps" et du "quoi qu'il en coute" (certains vont penser que je fais une fixette, c'est déjà la troisième fois, pour celles et ceux qui sont attentifs), cela nous oblige ! D'abord d'en finir avec cette idée que l'on subit une sorte de crise permanente indépassable et que l'on n'a pas les moyens du changement. Ensuite de quitter le champ des discussions stériles ou perpétuellement inachevées, de renoncer à cette tendance du repli sur soi pour aborder les questions de principes et ensuite oser l'engagement et la concrétisation, sans renoncer aux valeurs qui fondent et inspirent notre profession parce qu'elles forment le socle commun du serment que nous avons prêté.
En réalité, nous y travaillons à cette transformation de la profession, tous les jours, mais en ordre dispersé, dans le conseil et les commissions de l'ordre, les assemblées générales des bâtonniers, les commissions d'Avocats.be, les organes divers et variés dans lesquels sont représentés les avocat.e.s. Il convient donc de coordonner tout cela et plus encore de donner du sens et de la vision. C'est notamment l'objet des élections ordinales à venir, également de rencontrer ce sentiment exprimé par certain.e.s d'être si mal représenté.e.s et si mal écouté.e.s, tout de même paradoxal puisque chacun.e est libre de voter, de présenter sa candidature et de la motiver.
Alors, le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Voici revenu le temps des rentrées solennelles des barreaux, joyeuses et fédératrices. Je vois le président de la CLJB, un confrère engagé, sérieux et tout, lever les yeux au ciel et me dire : quelle question, pourquoi à un verre à moitié vide ? Un plein pardi ! Pour le coup, il a raison ! Refaisons donc le monde ! Il n'attend que cela.​ " Le monde ne s'arrête jamais. Il accélère" (Denis Laferrière). Et puis, " la vie est belle, chic et pas cher " (sic, en hommage à Arno). Roger, un muscadet !

 

 

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