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Les prix littéraires 2021
LE VOYAGE DANS L’EST, de Christine Angot: Prix Médicis
Nous avons commencé à lire les œuvres de Christine Angot en 1999 (L’Inceste) et l’avons immédiatement appréciée. Alors que nous préférons, d’une manière générale, les auteurs écrivant dans un style classique, nous avons été sensible à son ton « écorché vif », sans feston ni fioriture. Evidemment, il faut avoir quelque chose à raconter, qui se prête à pareil épanchement.
Son dernier livre est une psychanalyse prenant la forme d’un récit chronologiquement cohérent de la relation incestueuse que lui a imposée son père, rencontré pour la première fois lorsqu’elle avait treize ans. A-t-il cédé à la beauté de sa fille, dont le lien de filiation n’aurait pas été vraiment conscient (c’était tout de même de la pédophilie…) ou était-il essentiellement un pervers (on connaît le mot de Malraux : la perversion est l’inaptitude à l’assouvissement) ? Certains passages du livre inclinent à la deuxième possibilité.
Nous n’entrerons pas dans le détail du récit, déjà salué par une partie de la critique comme un des mieux réussis à ce jour de Christine Angot ; l’écriture semble apaisée, plus « classique », nonobstant le parti pris de brièveté de beaucoup de phrases (on ne se refait pas en un livre…). Ne dissimulons pas toutefois que certains passages, pour n’être plus pornographiques comme d’antan, paraîtront malgré tout plutôt graveleux à nombre de lecteurs.
Un autre thème traverse le « roman » : la difficulté de l’autobiographie, des mémoires (quelques pages prennent d’ailleurs la forme du journal intime). Elle expose ce problème d’écriture principalement aux pages 37 et 38 (elle y revient page 156) : comment procéder ? Soit l’écrivain présente lui-même le passé et constitue un « tissu logique » ; soit il livre les pièces éparses de ses souvenirs et laisse le lecteur libre de construire le récit, donc difficulté d’ordre objectif. Autre difficulté, d’ordre subjectif : le ressenti n’est pas le même au moment où il a été vécu et au moment de l’écriture, parfois plusieurs années plus tard. Nous savons tous que les mémoires des hommes politiques ont un caractère souvent artificiel, ils visent à une reconstitution a posteriori d’événements passés. Mais il en est de même, nous enseigne Christine Angot, de toute autobiographie, la déformation, l’anamorphose, est inhérente à ce type d’évocation du vécu. Faut-il alors préférer la forme du journal intime ? « J’avais honte et pitié de celle que j’avais été », écrit-elle (p.153), à la fin du journal couvrant quelques jours, et elle le range « à la cave, ou en haut d’un placard ». Comment trancher ?
Pas mal de mes amis, contrairement à moi, estiment assez peu les œuvres de Christine Angot, lui reprochant de se déboutonner à l’excès (et de déboutonner les autres). Ce livre (son meilleur, peut-on lire dans un grand hebdomadaire), s’ils le lisent , devrait les réconcilier.
S’ADAPTER, de Clara Dupont-Monod: Prix Femina et Prix Goncourt des lycéens
Il est difficile de présenter un livre que l’on a pas aimé mais qui a été suffisamment apprécié des jurées pour que lui fût décerné le Prix Femina. Nous en revenons souvent au mot de Gide selon lequel, avec de bons sentiments, on fait de la mauvaise littérature. En l’espèce, l’ouvrage contient trois parties , dont seule la deuxième, à notre avis, conformément à ce critère, constitue de la bonne littérature.
L’auteur raconte la vie d’un enfant lourdement handicapé, de sa naissance à sa mort, à dix ans. Les narratrices sont les pierres de la cour située en avant de la maison (sic) où vivent l’enfant, le frère aîné, la sœur puînée de ce dernier et leurs parents. L’aîné va entretenir une relation « fusionnelle » avec son cadet, comprenant « qu’il tenait là l’expérience de la pureté »: (p.25), tandis que la sœur s’oppose sans cesse, crie à la révolte contre le destin : comme elle le dit , « je suis un refus à moi seule » (les sentiments de la sœur sont développés dans le deuxième chapitre, le seul qui trouve grâce à nos yeux). Après la mort de l’enfant, les parents mettront au monde un troisième fils : celui-ci « se sentait usurpateur. Il s’excusait silencieusement auprès de son frère (le défunt). Pardon d’avoir pris ta place. Pardon d’être né normal. Pardon de vivre alors que tu es mort » (p.141). Cet extrait nous semble représentatif du ton général du livre.
A côté de cela, de bons apophtegmes : « l’amour c’est se noyer dans les yeux de l’autre, même si ces yeux sont aveugles » (p.50) ; « la fragilité engendre la brutalité, comme si le vivant souhaitait punir ce qui ne l’est pas assez » (p.74) ; « il n’y a qu’une lettre qui sépare « livre » et « libre ». Si tu ne lis plus, c’est que tu es complétement enfermé » (p.148).
J’avoue m’être un peu ennuyé à la lecture ; heureusement le livre est court (171 pages).
LA PLUS SECRETE MÉMOIRE DES HOMMES, de Mohamed Mbougar Sarr: Prix Goncourt
A notre avis, le meilleur Goncourt depuis Boussole, de Mathias Enard. Le point de départ de l’intrigue est la quête par un écrivain actuel, le narrateur, de T.C. Elimane, auteur du Labyrinthe de l’inhumain, livre publié en 1938, chef-d’œuvre devenu entre-temps introuvable, tout comme son auteur. On pense à J. D. Salinger et à L’Attrape-cœurs, sauf que l’Attrape-cœurs a été lu, depuis sa parution, par des millions de lecteurs, ou au Devoir de violence, de Yambo Ouologuem, nous apprend Frédéric Beigbeder (le livre lui est d’ailleurs dédié), accusé de plagiat comme T.C. Elimane.
Soyons clair : l’ouvrage ne s’adresse pas à ceux qui lisent exclusivement les romans de Guillaume Musso et consorts : comme l’écrit Mohamed Mbougar Sarr, « seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien » (p.50) ; « rien n’est pire qu’une œuvre qui expliquait, avertissait, donnait des pistes pour qu’on la comprenne ou l’absolve d’être ce qu’elle était » (p.233) ; « non seulement être compris est rare en littérature, mais il faut encore tout faire pour ne l’être jamais totalement » (p.239). Ici, la littérature se prend elle-même pour objet : « écrire, ne pas écrire », telle est l’alternative devant laquelle hésite le cœur de toute personne hantée par la littérature (p.457) ; lire ou écrire , pourrait-on ajouter.
La situation se complique pour les écrivains africains francophones (l’auteur est sénégalais) : devaient-ils verser « dans les négreries de l’exotisme complaisant ou dans les autofictions où ils n’arrivaient pas à transcender leur petite existence, eux qu’on sommait d’être africains mais de ne l’être pas trop » (p.57) ? Leur rêve est-il l’adoubement du milieu littéraire français (p.72) ? Comme écrit un ami du narrateur, « Elimane voulait devenir blanc et on lui a rappelé que, non seulement il ne l’était pas, mais encore qu’il ne le deviendrait jamais malgré tout son talent » (p.422), il était « ce qu’on ne devait pas devenir et qu’on devient lentement. Il était un avertissement qu’on n’a pas su entendre. Cet avertissement nous disait, à nous, écrivains africains : inventez votre propre tradition, fondez votre histoire littéraire découvrez vos propres formes » (ibid.).
L’auteur, âgé de trente et un ans, maîtrise parfaitement les techniques littéraires , notamment celles qui nous paraissent propres à l’Amérique latine, spécialement à Mario Vargas Llosa (les personnages séjournent d’ailleurs un temps en Argentine), des époques enchevêtrées dans le même chapitre , sans solution de continuité , seul l’accord des participes passés permet de conclure si l’on se trouve dans le récit d’un homme ou d’une femme (ce qu’autorise la langue française), belle réponse à ceux qui voudraient que le participe français , par simplicité, ne s’accorde plus avec le complément d’objet direct placé devant le verbe.
De belles phrases : «Le hasard n’est qu’un destin qu’on ignore » (p.40) ; « je me rappelle sa chevelure trempée, mouillant son visage, et le mien, quand nous avons défait l’amour en fragments étincelants, et ils nous encerclèrent comme les anneaux une planète » (p.86); « aucune blessure n’est unique. Rien d’humain n’est unique. Tout devient affreusement commun dans le temps. Voilà l’impasse ; mais c’est dans cette impasse que la littérature a une chance de naître « (p. 284).
On aura constaté que le style est classique (ce qui, pour nous, est une qualité). Un grand livre-monde.
PREMIER SANG, d’Amélie Nothomb : Prix Renaudot
Après s’être coulée dans la personne de Jésus, il y a deux ans (Soif), Amélie Nothomb publie aujourd’hui des souvenirs (écrits à la première personne et donc a priori apocryphes) de son père, Patrick Nothomb, ancien ambassadeur de Belgique, notamment au Japon, décédé en 2020 à 83 ans.
L’ouvrage est centré sur trois épisodes de la vie de son père : les vacances passées pendant son enfance chez son grand-père, le baron Pierre Nothomb, à Habay-la-Neuve, sa rencontre avec sa future femme, Danièle Scheyven, la mère d’Amélie, et son intervention comme négociateur lors de la prise d’otages de Kisangani en 1964. Le livre s’ouvre et se clôt par une scène digne du Dostoïevski (il est d’ailleurs cité) de la Maison des morts.
C’est la première partie du livre, l’évocation des vacances à Habay-la-Neuve, qui nous a principalement séduit : le vieux château au bord du lac, les repas à neuf, où le père (le grand-père du narrateur) se sert d’abord, la mère ensuite, enfin chacun des enfants à son tour, du plus vieux au plus jeune, les poèmes déclamés dans les toilettes ( le « Trianon »), le dortoir glacial aménagé dans les combles, la rhubarbe cultivée par la grand-mère à l’insu de son mari…N’était le charme des grands-parents, du baron Nothomb et de sa femme, on dirait d’un roman de Dickens (Olivier Twist).
Lisant les scènes se rapportant au château, nous nous sommes demandé s’il s’agissait du Château du Pont d’Oye, transformé en hôtel, dans lequel nous avons séjourné quelques jours, voici environ quarante ans : la mémoire de la famille Nothomb y était célébrée, force tableaux à l’appui (Amélie n’était pas encore connue), et les abords du lac, devant l’hôtel, étaient offerts comme un but à nos promenades, ainsi que dans le récit. Nous n’imaginions pas à quel point la famille Nothomb était inscrite dans le passé de la Belgique, dans notre passé : nous aussi, avons tenté d’apercevoir les falaises de Douvres, du bout de l’estacade d’Ostende (p.95), nous aussi, nous souvenons de Paul Nothomb, l’oncle d’Amélie, le communiste, qui a fait la guerre d’Espagne, vu à Apostrophes (p.64).
La deuxième partie contient également une scène originale : on apprend que, si Christian (Henri, un ami de Patrick Nothomb) avait Cyrano (Patrick Nothomb) pour « nègre », Roxane (Françoise) s’appuyait sur …Danièle. Et l’histoire se dénouera mieux que dans la pièce, avant le dernier acte (les lecteurs comprendront).
Nous avouons que le troisième récit, à savoir la prise d’otages à Stanleyville, nous a moins intéressé, alors qu’il contient peut-être un témoignage de première main sur l’héroïsme de Patrick Nothomb.
Compte tenu de la construction (trois récits), l’œuvre manque un peu d’unité mais, malgré ce léger défaut, Amélie Nothomb confirme une fois de plus tout le bien que nous pensons d’elle. Comme les tables de Guernesey parlaient en langage hugolien, son père écrit ( ?) dans un style bien caractéristique, que l’on commence à identifier de livre en livre, le style d’Amélie Nothomb, une forme d’ironie « distante », « distanciée » (si le mot existait…), tout en étant classique.
A quand une candidature à l’Académie …française ?
MON MAÎTRE ET MON VAINQUEUR, de François-Henri Désérable : Grand Prix du roman de l’Académie française
C’est essentiellement l’histoire d’une femme, Tina, amoureuse de deux hommes en même temps, l’un « du côté de chez Swann » (Vasco), l’autre « du côté de Guermantes » (Edgar ), sexe ou offre de permanence (p.63), pourrait-on croire, si ce n’est que, plutôt que de sexe, mieux vaudrait évoquer un amour inoffensif, un bégaiement du cœur, des « affinités électives » (p.58), histoire racontée dans un commissariat par un ami des protagonistes après qu’un fait divers tragico-comique eut mis fin à l’intrigue .
Le roman est rythmé par des allusions littéraires, spécialement aux aventures vécues par Verlaine et Rimbaud, décidément à la mode ces temps-ci, au révolver acheté par Verlaine pour atteindre Rimbaud, au cœur de Voltaire, à la virgule à laquelle Baudelaire tient absolument, aux haïkus, certains étant rédigés par Vasco… : « toute tentative d’élucidation d’un vers (précise le narrateur) le vide de sa substance poétique » (p.66).
On compte nombre de belles réflexions sur l’amour : « elle n’était pas du tout son genre (comme Odette…) ; il n’avait jamais été le sien. Ils n’avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant » (p.28) ; « la rupture amoureuse est pire que la mort, c’est le deuil pour soi -même d’une personne encore en vie, que d’autres pourront voir et entendre et sentir et toucher » (p.80) ; « le sonnet, c’est un peu comme l’amour conjugal ; sa beauté naît des contraintes qui lui sont inhérentes » (p.86).
Un style classique mâtiné de beaucoup d’humour, un ton souvent proche du théâtre de Musset, une œuvre brillante d’un jeune auteur.
NE T’ARRÊTE PAS DE COURIR, de Mathieu Palain : Prix Interallié
Par sa description de l’existence quotidienne des détenus, ce livre devrait intéresser les avocats. L’auteur, un jeune journaliste indépendant, raconte la vie de Toumany Coulibaly (aucun lien avec le terroriste), cambrioleur la nuit et champion de France du 400 mètres l’après-midi. « Si vous êtes championne de France, de n’importe quoi, d’échecs, de curling, de fléchettes, le soir même vous allez au restaurant, vous buvez un coup, vous fêtez l’événement. Lui, il cambriole une boutique de téléphones portables » (p.265) . L’auteur va essayer de comprendre : « il a fait un tas de conneries à un moment où il n’avait pas besoin d’argent. C’est quelque chose en lui qu’il a en lui, et qui est plus fort que lui. Il devrait engager un travail psy pour comprendre d’où ça vient » (p.252) ; « c’est ce qui est désarmant chez lui, il dit oui en vous regardant au fond des yeux, et vous savez qu’il ne ment pas, sur le moment il est tout à fait d’accord, il va quitter le quartier, se trouver un métier, rentrer dans le rang. Seulement, un type passe après vous, le tire dans l’autre sens, et Toumany lui dit oui avec la même sincérité » (p.121).
On aura compris que, décrivant la vie de son « héros » en prison, l’auteur nous livre une image vivante du fonctionnement du milieu pénitentiaire. La fin est ouverte et se prête à deux interprétations . Comme le titre : Coulibaly court pour devenir champion de France et échapper à ses poursuivants après un cambriolage.
On trouve un bel aphorisme (« En quoi un taulard diffère de l’homme de la rue ? Un taulard est un perdant qui aura essayé » (p.385)) et une leçon aux avocats : « Avant le début des hostilités, une salle d’audience paraît toujours baigner dans une drôle d’atmosphère. Les avocats se connaissent, ils blaguent entre eux comme s’ils avaient passé la soirée de la veille à descendre une bonne bouteille, ou qu’ils préparaient des vacances communes dans une grande maison corse. Je suppose qu’en tant que prévenu, on aimerait que son avocat se retienne, qu’il se contente de rester assis et de serrer le regard, voire qu’il manifeste un soupçon de haine pour le camp d’en face. Là, ce serait une attitude encourageante. Pourquoi ce badinage, s’il faut ensuite se sauter à la gorge ? » (p.362).
Le style est celui d’un journaliste (on sait que le Prix Interallié couronne en général un journaliste).
LE VOYANT D’ETAMPES, d’Abel Quentin : Prix du Flore
L’auteur (trente-six ans et avocat de profession) trace le portrait de Jean Roscoff (personnage imaginaire), maître de conférences à l’Université de Paris VIII, retraité (soixante-cinq ans), lequel publie une biographie de Robert Willow, poète américain du début de la seconde moitié du 20ème siècle. Communiste et existentialiste, Willow passa en Europe, se lia avec Jean-Paul Sartre, se détacha de lui pour des raisons « doctrinales » et se retira en Essonne, à Etampes, où il écrivit des poèmes en français inspirés de Charles Péguy. Il y mourut comme suite à un accident de voiture. Les principaux personnages sont, outre Jean Roscoff, son ex-femme Agnès, sa fille Léonie et la compagne de celle-ci, Jeanne, l’éditeur Paulin Michel, l’ami Marc.
Alors que, dans sa jeunesse, Jean Roscoff était militant de SOS Racisme, ami de Harlem Désir et de Julien Dray et avait écrit un livre défendant l’innocence des Rosenberg, le nouveau livre va faire l’objet de violentes attaques : son auteur n’avait pas évolué dans son antiracisme ni attaché l’importance requise aujourd’hui au simple fait (existentiel) que Robert Willow était noir. Il s’est ainsi livré à de la « prédation identitaire » (p. 191), à de l’ « appropriation culturelle », seul un Noir peut, en effet, raconter, sans la déformer, la vie d’un Noir, pas un Blanc (p. 189), les droits de l’homme ne sont que la continuation de la domination blanche par d’autres moyens (p.190), ce n’est pas parce qu’on décrète l’égalité que cessera la vieille domination (blanche) ; il faut traquer les lapsus et les gestes manqués, l’inconscient raciste (p.171). Sans oublier la domination des mâles : Jeanne, la compagne (lesbienne) de Léonie, se dit à la fois agent d’oppression (parce que blanche) et victime d’oppression (parce que femme et homosexuelle), non seulement la société est structurée par des rapports invisibles d’oppression, mais cet enchevêtrement coexiste parfois au sein d’un même individu (p.99), Jeanne en l’espèce. Et c’est à tort que, pour défendre Polanski, on se cache derrière le problème des générations : la génération actuelle peut demander des comptes aux générations antérieures (p. 189) (et détruire les statues, brûler Tintin au Congo…).
Bigre. On devine toutefois qu’Abel Quentin ne partage pas de telles analyses mais entend les dénoncer en usant de la voie de l’humour. Tous les discours de l’un ou l’autre extrémistes, souvent cités mot à mot ci-dessus, sont proférés de manière à faire ressortir leur caractère délirant, le livre est une comédie, une satire, un pamphlet contre les excès du « politiquement correct ». Le dénouement (que nous ne révélerons pas) est d’ailleurs un pied de nez à tous les commentateurs malveillants de Jean Roscoff.
On connaît le goût des grands auteurs français (Rabelais, Molière, Voltaire, Gide parfois…) pour la dénonciation des ridicules de la morale sociale ; Abel Quentin est bien dans cette ligne.
Au point de vue de la forme, le livre contient malheureusement pas mal de coquilles et quelques fautes de français ; l’auteur eût dû davantage se relire ; le style manque, en outre, un peu d’élan.
Cet ouvrage a bien mérité un des prix de l’automne : un jury a osé le consacrer et on sait qu’il est parfois bien difficile d’échapper à la dictature du « politiquement correct ».
André TIHON
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