La rentrée 2021 : compte-rendu

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Le décompte s’est amorcé avec la minutie d’un compte à rebours pour le lancement d’une fusée. Il a suffi de cliquer sur le lien pour le voir apparaître sur le compteur digital. A 15 heures, les opérations étaient lancées, pile.

L’image qui occupe notre écran est celle d’un plan fixe sur une estrade fonctionnelle réduite à sa plus simple expression, flanquée de vagues plantes vertes sur les côtés.  En arrière fond, les logos du Barreau de Liège-Huy, du Jeune Barreau et des annonceurs publicitaires. Au devant, quelques invités sagement assis, espacés les uns des autres conformément aux règles de distanciation sanitaire. Le protocole, dans tous les sens du terme.

Conformément à l’usage, la Présidente du Jeune Barreau ouvre le bal, visiblement soulagée de pouvoir le faire devant un semblant de public, un présentiel a minima. Pour autant, introduisant cette rentrée 2021, chamboulée et inédite, Mme Mathilde Rentmeister ne paraît ni abattue ni découragée. Elle se prête au cérémonial avec l’allant que l’on lui connaît. Initialement désigné orateur pour l’année 2020, Thomas Bocquet aura dû attendre un an pour cause de confinement. Investi au sein de notre Barreau dans plusieurs commissions et lauréat de divers prix d’éloquence, dont celui du concours « J’Accuse » organisé par la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles qui lui fut attribué en 2019, il présente la particularité d’avoir effectué ses études de droit en France et d’y vivre une grande partie de son temps, avec la famille qu’il a fondée.

« Tout s’achète : l’homme, la planète Terre, vous et moi … L’homme est un produit comme un autre », c’est sur ces mots que Me Bocquet commence son discours. Très vite, il campe son sujet : comment évaluer le prix d’une vie humaine ? Le marché des organes, la crise des réfugiés et le paroxysme des contradictions qu’elle incarne à Lesbos, l’analyse micro-économique, macro-économique … La question s’aborde sous une multitude d’angles. Il esquisse une loi : celle selon laquelle plus un Etat est riche, plus la valeur d’une vie sera élevée. Il dresse un constat : « nous n’avons jamais été autant inégaux que face au prix de notre vie ». Comment ne pas apercevoir  dans son propos la résonance de ce que nous vivons maintenant depuis plus d’un an ? Le coût d’un investissement économique versus le coût d’une vie préservée. A supposer qu’il y ait opposition entre ces deux termes …

Plus loin, notre orateur invoque Orwell, évoque la dystopie, concept fort à la mode ces jours-ci. Il mentionne le passeport vaccinal et interroge les conséquences éthiques, juridiques qu’il induit. En guise de fin, il tente une conclusion : si chaque être humain a un prix, nous demeurons frères et soeurs en humanité alors qu’aucun système n’a jamais mené au bonheur universel, pas plus qu’à la justice qui demeure une illusion.

Y a-t-il un juste prix à la vie lui répond le Bâtonnier Ceulemans, un prix égal pour tous ? Si oui, comment le calculer ? Et de citer celui accordé pour la vie perdue de George Floyd : 27 millions de dollars. En boutade, il renverra à son propre compendium sur l’évaluation du dommage corporel. Commentant la pandémie, il considère qu’en Belgique, chaque vie aura eu la même valeur. L’objectif assigné du gouvernement de sauver des vies, coûte que coûte, n’aura pu se poursuive qu’avec le consentement des citoyens, socle constitutif de la démocratie. Au final, sa réplique s’avère mesurée, à la fois bienveillante et interpellante par rapport à ce que nous vivons.

Suivront la remise des prix traditionnels dont le prix Julia Bertrand-Grandry, décerné cette année à notre Consoeur Laure Papart avec un vrai bouquet de fleurs non digital. Laure, figure inspirée et inspirante de notre Barreau, infatigable et persévérante … La présidente reprendra une dernière fois le micro pour annoncer que cette rentrée n’était en réalité qu’une première partie et que l’autre, l’autre rentrée 2021, devrait suivre dans un avenir très proche si les mesures le permettent …

Cette année, pas de verre de l’amitié, pas de cocktail mondain. Pas de banquet, pas de revue. Mais, en épilogue, une vidéo surprise diffusée sur grand écran, conviant les actrices et acteurs de la revue pour un émouvant remake du « Place des grands hommes », de Patrick Bruel, intitulé, qui l’eût cru, « Place du covid ».

La rentrée 2021, une rentrée décidément inédite.

Eric Therer

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