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Le rapprochement de nos barreaux : l’alternance, un principe fondateur !
Le 13 février 2020, peu avant minuit, les négociateurs des Barreaux de Liège et de Huy s’accordaient sur les conditions et le texte final du protocole de rapprochement entre nos deux Barreaux.
Dans les semaines qui ont suivi et malgré la survenance de la crise sanitaire, chaque Barreau a sollicité l’avis de ses membres qui se sont prononcés positivement.
Le 7 juillet 2020, dans la Salle de la Rotonde, les Bâtonniers Bernard CEULEMANS et Xavier MERCIER signaient ensemble le protocole au nom de leur Barreau respectif officialisant ainsi la création du Barreau de Liège-Huy.
Depuis le mois de septembre, notre Barreau unifié a entamé sa première année de fonctionnement conformément aux conditions négociées durant près de 5 années.
L’alternance : un principe fondateur.
L’article 6 du protocole de rapprochement, relatif au Bâtonnier de l’Ordre unifié, fait référence au principe de l’alternance, comme suit :
« Une alternance entre les divisions est préconisée, sans préjudice des règles du Code judiciaire.
L’alternance est un principe fondateur du nouvel Ordre unifié ».
Cela signifie-t-il que l’origine géographique de la fonction de Bâtonnier est une obligation à laquelle s’engage pour un long terme le Barreau de Liège-Huy ?
L’objectif était-il simplement de partager entre les deux anciens Barreaux la prédominance de l’Ordre ?
Cette alternance au sens géographique présente toute son importance dans la genèse des négociations, mais aussi et surtout pour cette période de jeunesse du nouvel Ordre.
La confiance entre nos barreaux doit naître, grandir et se fortifier. Cette alternance est l’«outil » voulu par les négociateurs pour porter sur du long terme le projet de rapprochement.
Il vous suffira de relire attentivement l’ensemble du protocole et particulièrement son préambule qui reflète fidèlement les valeurs et les principes que les négociateurs des deux anciens Ordres entendaient voir respecter, pour comprendre la finalité de ce principe.
Cette alternance n’a de sens fonctionnel que si elle se comprend également comme une volonté farouche de défendre la persistance de nos lieux de Justice de proximité. Nos Palais de Justice doivent vivre, l’accueil du justiciable est essentiel et notre unification permettra de défendre ardemment ce principe !
L’alternance est donc un principe d’unité de l’ensemble des avocats quelle que soit leur implantation sur le territoire des deux divisions.
L’alternance : un principe évolutif et novateur.
Vous l’aurez compris après cette première année, l’alternance aura vocation à solidifier notre unification.
Le protocole est donc un fondement susceptible d’évoluer, le contraire serait une attitude de blocage, ferment de défiance et d’échec.
Il nous faut donc ensemble nous approprier l’esprit des négociateurs et le comprendre comme une occasion d’améliorer encore la gouvernance et la représentativité de chacun des avocats au sein de l’Ordre unifié.
Parmi les évolutions possibles, voici quelques pistes à réfléchir :
L’alternance, un principe d’égalité.
Tandis que de nos jours, les femmes représentent la majorité des membres de la profession, l’Ordre est majoritairement dirigé par des hommes.
Ainsi l’alternance pourrait être également comprise comme une norme de genre, permettant une participation véritablement égalitaire des femmes et des hommes dans la gestion de notre Ordre.
C’est une nécessité évidente au sein d’un Ordre dont la vocation est la défense de toutes et tous.
Il nous paraît donc que l’alternance dans la fonction de bâtonnier pourrait aussi être garantie au niveau du genre.
L’alternance, un principe de participation.
L’Ordre comprend de nombreuses commissions en son sein qui fonctionnent grâce à l’engagement désintéressé de nombreux confrères des deux divisions.
Malgré que cet exercice soit essentiel, le taux de participation est encore trop faible.
Il convient de considérer l’alternance comme un devoir qui invite chaque avocat à participer, ne serait-ce qu’une fois dans sa carrière, au fonctionnement de l’Ordre que ce soit au sein des commissions ou au sein du Conseil de l’Ordre.
Par ailleurs, si c’est bien de la rencontre des idées divergentes que surgit le progrès, il est grand temps que ceux qui contestent les travaux et les orientations prises, apportent leur compétence ou leur expérience en prenant utilement part au débat.
L’alternance, un principe démocratique.
Au-delà d’une meilleure participation de nos membres, il faut également garantir que chacun puisse participer réellement au processus de décision.
Il est impératif, quand on prône l’engagement accru de nos membres, de permettre que tout avocat puisse parvenir à briguer un poste de conseiller de l’Ordre ou des fonctions ordinales en ce compris celle de Bâtonnier de l’Ordre.
Ainsi, il nous semble que la limitation des mandats, déjà inscrite dans nos règles, soit à nouveau débattue et renforcée pour favoriser une véritable alternance de gestion qui garantit la vitalité et la capacité d’adaptation de notre organisation professionnelle.
Un Barreau unifié, garant de l’intérêt de ses membres et de ses justiciables.
Le Barreau de Liège-Huy est aujourd’hui le premier Barreau de Wallonie et pèse de manière accrue dans les débats tant au sein de notre Ordre communautaire qu’avec les juridictions et leurs « managers ».
Durant le premier confinement, alors même que le protocole n’était pas encore officiellement adopté, la coordination des Ordres de Huy et de Liège a permis de supporter l’épreuve sans trop de dégâts et en garantissant en parfaite intelligence avec les chefs de corps, une reprise de l’activité en toute sécurité.
Au-delà de la gestion de crise, lorsque près de 1.100 avocats parlent d’une seule voix, cela compte manifestement plus et mieux.
Relever dès aujourd’hui les défis de demain, c’est garantir la pérennité de notre profession, de ses traditions, de ses valeurs et de sa raison première : une Justice pour tous, au service de tous et de l’Etat de droit.
Tel est la motivation première des négociateurs d’hier et de ceux qui se présenteront demain pour poursuivre le travail.
Dans cette optique, l’alternance, comprise dans toutes ses acceptions, constitue une force novatrice, moteur du Barreau de Liège-Huy.
Christine COLLIGNON
vice-Bâtonnier de la division de Huy
Barreau de Liège - Huy
Xavier MERCIER
Ancien Bâtonnier de Huy
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