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Avocat et politique : activités compatibles ? Acte III
Après les interviews de Fabian CULOT, du mouvement réformateur, et Thibaud SMOLDERS, du parti socialiste, c’est au tour de Françoise GHIS, pour le parti écologiste, de répondre à nos questions sur la compatibilité des métiers d’avocat et de politique.
Maître GHIS, avocate chez Elegis, est candidate n°2 sur la liste ECOLO de la commune de Saint-Georges-sur-Meuse.
Florence NATALIS : Pour commencer, peux-tu nous résumer ton parcours professionnel ?
Françoise GHIS : J’ai fait mes 5 années de licence à l’Université de Liège, puis j’ai refait une année en droit européen. J’ai prêté serment en 1993. Cela fait donc tout pile 25 ans que je suis avocate et 25 ans au cabinet ELEGIS !
F. N. : Comment es-tu tombée dans la politique?
F. G. : Complètement par hasard ! Je n’avais jamais eu l’idée ni l’intention de faire de la politique. Saint-Georges est ma commune d’origine. J’y ai passé mon adolescence et mes parents y vivent toujours. Je suis revenue m’y installer il y a deux ans. Lorsque j’ai vu la manière dont la commune avait évolué par rapport au souvenir que j’en avais gardé, j’ai eu envie de m’investir afin d’essayer d’améliorer les choses, surtout sur le plan de la convivialité et dans le domaine du culturel.
C’est mon voisin et ami d’adolescence, Thierry BELTRAN (conseiller communal à Saint-Georges-sur-Meuse) qui m’a proposé de me présenter sur la liste Ecolo.
J’avoue que, dans un premier temps, ça m’a fait peur dans la mesure où, connaissant Fabian CULOT, j’avais vu l’investissement que cela demandait. Thierry m’a rassurée en me rappelant que Seraing, où est Fabian CULOT, n’est pas Saint-Georges, qui est une commune beaucoup plus petite. Fabian m’a également rassurée.
Je me suis également posé des questions très pragmatiques : est-ce que cela allait me prendre beaucoup de temps ? Est-ce que la campagne allait me coûter quelque chose ? etc. Thierry BELTRAN a su répondre à mes interrogations . Quand on se présente comme candidat chez ECOLO, cela ne coûte rien car la campagne est financée par les rétrocessions des candidats une fois qu’ils sont élus.
J’ai donc accepté de me présenter mais comme candidate d’ouverture.
J’ai choisi la liste ECOLO parce que c’est celle qui est le plus proche de mes convictions politiques. Tout ce qui touche à l’environnement, à la mobilité etc. sont des questions qui m’intéressent fortement. Par ailleurs, ce que j’apprécie chez Ecolo c’est qu’il me paraît plus sain que les autres formations politiques qui ont connu beaucoup de problèmes et de scandales ces dernières années, voire ces derniers mois.
F. N. : Tu as commencé ta première campagne électorale depuis quelques semaines. Comment se passe le cumul des deux fonctions : avocat et politique (militant plutôt qu’élu ici) ?
F. G. : Comme tu dis, je ne suis pas encore élue ; cela ne me prend pas encore énormément de temps. Je fais partie de la cellule communication de notre liste, cela me prend un peu de temps mais c’est jusqu’à présent au maximum une fois par semaine et en soirée. A la rentrée, je suppose que cela va commencer à s’accélérer. Donc, pour l’instant, ça n’empiète absolument pas sur mon travail (ça empiète plutôt sur ma vie privée puisque c’est fatalement en soirée mais c’est gérable).
F. N. : Que penses-tu de l’affirmation selon laquelle faire de la politique rapporte des clients ?
F. G. : Je n’en sais encore rien puisque je ne fais de la politique que depuis quelques semaines et ne suis pas élue mais je pense que cela a un impact effectivement. Dans une petite commune comme la mienne, on est très vite identifié. De plus, ma matière de prédilection étant le droit familial, je suis plus amenée à être contactée par l’un ou l’autre saint-georgien. Donc pour moi, vu que cela apporte une visibilité, je pense qu’il peut y avoir un impact et que cela peut effectivement amener de la clientèle.
F. N. : Si tu es élue en octobre, comment géreras-tu la question du conflit d’intérêts entre tes deux professions ?
F. G. : Avant de donner mon accord pour me présenter sur la liste Ecolo à Saint-Georges, j’en ai bien entendu parlé à mon cabinet, vu que je travaille dans un grand bureau d’avocats avec énormément de dossiers et tout un contentieux administratif qui concerne des communes. Le cabinet m’a soutenu dans ma décision.
F. N.: Est-ce que ce choix a un gros impact sur ta vie privée ?
F. G. : Gros impact, je ne dirais pas mais un impact quand même car ce sont des soirées que je ne passe pas avec mon mari. C’est donc aussi une personne à qui j’ai demandé son avis avant de m’engager parce que, par exemple, lorsqu’on doit réagir sur des dossiers à chaud, comme il y a eu le cas pour les Halles de Saint-Georges, je le plante là royalement pour toute la soirée. Il faut donc avoir un compagnon assez compréhensif, d’autant que le rythme des réunions et autres engagements va augmenter jusqu’aux élections du 14 octobre.
F. N. : Raconte-nous un peu comment se passe ta première campagne communale jusqu’à maintenant ? Quelles sont tes impressions en tant que novice en politique ?
F. G. : Je me demandais si ça allait être super agressif car, en politique, il n’y a pas de déontologie comme chez les avocats. C’est resté encore assez serein même si, parfois, je trouve effectivement qu’ils ne se gênent pas pour attaquer assez sauvagement, on y va assez franco dans les noms d’oiseaux. C’est une espèce de douce violence que je ne connais pas dans le barreau. Et encore, ce n’est que le tout début de la campagne électorale ! Donc j’attends le mois de septembre avec impatience pour voir à quelle sauce nous allons être mangés.
Vu qu’ECOLO n’a actuellement que 2 sièges sur 17, elle n’apparaît pas comme étant la formation la plus menaçante, même si nous avons une forte opposition entre Francis DEJON, bourgmestre de la commune, et Thierry BELTRAN, notre tête de liste.
Dernièrement, ce qui a beaucoup secoué Saint-Georges, c’est le projet de construction des Halles à l’entrée de Saint-Georges sur lequel Ecolo a été au taquet tout de suite quand on s’est rendu compte que le bourgmestre, tout en respectant la légalité, avait prévu un affichage strictement minimum des travaux qui étaient envisagés. Nous avons écrit un communiqué de presse qui a fait vivement réagir le bourgmestre et la majorité, ça a un peu chauffé sur la commune et finalement, ce permis a été annulé à la suite d’un recours introduit par le voisin de ce projet. C’était assez passionnant de pouvoir intervenir dans cette problématique et de voir que, lorsqu’on secoue vivement le cocotier, cela a un impact.
F. N. : Quel est l’objectif d’ECOLO sur Saint-Georges et le tien ? Simple conseillère communale ou échevine ?
F. G. : Je pense que le but de toutes les formations politiques de l’opposition est d’obtenir le plus de voix possible et de renverser la majorité. En ce qui me concerne, échevine, ce serait merveilleux mais être conseillère communale, ce serait déjà chouette. C’est vrai que je suis n° 2 la liste mais l’importance du vote en case de tête a été diminué. Le système favorise maintenant plus les candidats que le choix des partis, ce qui est mieux selon moi. Même si je suis sur Saint-Georges depuis les années 1980, je suis partie pendant une quinzaine d’années avant d’y revenir il y a deux ans. Je ne suis donc pas la plus connue sur la liste. Qui vivra verra.
F. N. : Bonne chance pour la campagne à venir !
Propos recueillis par Florence NATALIS
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