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Quel avenir pour nos Barreaux ?
15 mai 2018. Ce n’est pas tous les jours que l’Ordre convoque ses avocats pour une assemblée générale extraordinaire. La dernière en date remonte à l’an 2012, Monsieur le Bâtonnier Lemmens nous avait convoqués dans le but de trouver une solution à la crise de l’aide juridique. En ce 15 mai, c’étaient des enjeux tout aussi cruciaux qui nous réunissaient : comment réformer la profession ? Et surtout, les Barreaux de Huy, Liège et Verviers vont-ils enfin fusionner ? La première partie de l’AG concernait le rapport sur l’avenir de la Profession rédigé par deux Experts mandatés par le Ministre de la justice : Patrick Henry et son homologue néerlandophone, Patrick Hofströssler. Ce travail titanesque, de plus de 600 pages, avait été scrupuleusement étudié par les membres du Conseil de l’Ordre qui ont proposé, en douze thèmes, une analyse des nombreuses propositions élaborées par les deux Experts. Au terme de douze exposés brefs mais denses, chaque avocat présent aura pu être informé au mieux quand contenu du rapport et faire part de ses questions, suggestions et observations, sachant que le Conseil de l’Ordre a également proposé un résumé écrit afin de permettre aux absents de prendre connaissance de ce travail d’analyse. Le monde change, notre profession évolue, et il est possible pour les avocats de donner une impulsion nouvelle à leur métier. Nous n’entrerons pas dans les détails de cette analyse qui mérite d’être lue et nous vous y renvoyons[1]. Un constat doit cependant être dressé, non pas sur le contenu du rapport ou des exposés des conseillers, mais bien sur le nombre de participants à l’AG. Environ 80 avocats étaient présents sur 950, soit moins de 10%. C’est peu. Trop peu ! A l’heure où la Législation change sans cesse, où les réformes de la Justice se multiplient et où la profession évolue quotidiennement, il est regrettable qu’une AG abordant des sujets si importants n’intéresse pas les avocats ou ne justifie pas qu’ils libèrent leur agenda. Bien sûr, nous sommes tous débordés. Entre dossiers à traiter, formations, rendez-vous avec les clients, prospections, vie privée, culturelle ou familiale, nous avons tous beaucoup de choses à faire et les journées sont trop courtes. Cependant, si nous ne prenons pas le temps d’examiner les changements qui se profilent à l’horizon et si nous ne nous impliquons pas dans ces changements, nous risquons, une fois encore, de subir ces changements et non de les accompagner avec les conséquences lourdes que cela impliquent. Une première piste pour assurer l’avenir de notre profession ne serait-elle pas que les avocats s’impliquent, à une large majorité, dans leurs Ordres et dans la vie de leur Profession ? La seconde partie de l’AG concernait les travaux de rapprochement entre les Barreaux de Liège, Huy et Verviers. Les opérations de rapprochement ont débuté il y a plus de cinq ans déjà. A l’époque, Monsieur le Bâtonnier Renette avait mis sur pied un groupe de travail composé d’avocats hutois, verviétois et liégeois pour plancher sur ce projet. Lors de cette assemblée générale extraordinaire, le travail abattu durant ces cinq années par cette commission de rapprochement nous a été présenté. Cette présentation a débuté par la diffusion d’une vidéo dynamique qui rassemblait les interviews de nos trois Bâtonniers. Chacun d’eux se positionne en faveur de cette fusion et, de concert, ils insistent sur la nécessité de voir aboutir ce projet qui ne pourra être que bénéfique pour l’ensemble des avocats des trois Barreaux actuels. Parmi les avantages soulignés, notamment : la représentativité qui sera plus importante pour siéger aux assemblées d’ avocats.be, le travail des commissions déjà mixtes qui fonctionnent, ou encore l’élan nouveau que va représenter ce rapprochement. Nos Bâtonniers restent également attentifs à l’importance de préserver une justice de proximité. A l’issue de longs échanges, le groupe de travail a rédigé un protocole qu’il a soumis aux trois Conseils de l’Ordre[2]. Il s’agit d’une feuille de route qui définit des propositions de lignes directrices pour organiser cette fusion. Dans quelques semaines, une consultation populaire sera organisée au sein du Barreau de Liège (et au sein de chacun des trois Barreaux). Chacun de nos confrères pourra donc se prononcer sur l’union des Barreaux. C’est ensuite aux Conseils de l’Ordre qu’il reviendra de voter en faveur –ou non- de cette fusion.
Espérons que cette occasion soit la bonne et que nous soyons nombreux à nous sentir concernés par ce projet…ou en tout cas, plus nombreux que les quelques confrères qui assistaient à cette assemblée générale. Si ce projet échoue, il est, en tout état de cause, fort à parier que la fusion nous sera imposée, peut-être déjà plus rapidement que nous ne pourrions l’envisager. Pourquoi donc ne prendrions-nous pas les devants ? Pierre Bayard et Claire Hazée
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