20ème anniversaire du barreau du Rwanda : 1987 – 2017

Le 27 novembre 2017, le barreau du Rwanda a fêté ses 20 ans en présence de délégations des barreaux des pays voisins et de l’East African Law Society, dans laquelle il est toujours plus engagé.

Deux barreaux francophones jumelés au barreau du Rwanda étaient représentés : le barreau du Val d’Oise et le barreau de Liège, ce dernier par André DELVAUX et Noël SIMAR.

Plusieurs membres du barreau de Liège ont été et sont proches du barreau du Rwanda.

Dès 1997, Maître Marc NEVE était présent au moment où le pays était confronté à la mise en place d’une administration de la justice permettant de faire face aux multiples défis d’une justice réglée tendant à exclure tout esprit de « vengeance ».

Plusieurs confrères ont pris part à des actions d’ « Avocats sans frontières » pour des séminaires de déontologie, des actions sur place ou à Liège, telle l’accueil de stagiaires, notamment Maîtres Mabeth BERTRAND, Jacqueline OOSTERBOSCH, François DEMOL, Françoise CELIS, Sibylle GIOE, Ingrid MEERTENS, Julie COSTE, Delphine BELKASEMI, Estelle BERTHE,  Elisabeth KHIEL, Pauline ANDRE, Jean-Louis GILISSEN, Pierre PICHAULT, Jean-Louis LIBERT, Jean-Marc VERJUS, Laurent HODY, Olivier BONFOND, Jean-François HENROTTE, Jean-Philippe RENAUD et Jean-Pierre JACQUES lequel est d’ailleurs inscrit au tableau de l’Ordre des Avocats du Barreau du Rwanda depuis avril 2015, …

Me Noël SIMAR a rédigé un bref compte-rendu de son premier séjour sur place :

On ne peut parler du Rwanda sans évoquer le génocide. Même si le dernier épisode de ce drame remonte à 1994, son empreinte reste encore très marquée dans le pays.

Preuve en est sans doute le mémorial qui relate sobrement l’avant, le pendant et l’après. Triste leçon d’histoire. Triste témoin de la folie humaine lorsque la raison et la fraternité cèdent le pas à la déraison, à la cruauté et la haine.

Triste constat d’échec de la solidarité internationale et du rôle joué par d’aucun.

La vue du lieu où les paras belges ont été sauvagement exécutés laisse sans voix et renforce ce sentiment de tragédie.

Mais à côté de cela, quel merveilleux pays non seulement pour son climat et ses paysages mais surtout par le dynamisme dont il fait preuve. Finalement, l’aspect le plus attachant du Rwanda est sans doute celui-ci : voir la capacité de l’être humain à reconstruire et à se reconstruire. On ne peut prendre cela en photo mais on peut le graver à jamais dans sa mémoire (cf. Le petit futé Rwanda).

Tout se passe comme si la population, se rappelant le passé douloureux qui les a visés, voulait transcender les difficultés qu’ils ont vécues pour aller ensemble de l’avant. Il n’est que de voir par exemple le nombre important de chantiers de construction en cours à Kigali, la noria des taxis, voire des vélos servant tant au transport de personnes qu’aux chargements les plus divers.

« Ne jamais se retourner sur un passé qui n’a pas d’avenir » disait K. GIBRAN. En l’occurrence, le passé est fondateur. Il a notamment permis aux tribunaux populaires, les Gacaca, de mettre ensemble les victimes et les bourreaux pour une meilleure reconnaissance de l’autre et si possible pour un pardon généreux. Ce fut aussi la création d’un Barreau mis en place après plusieurs échanges avec les avocats rwandais venus de l’extérieur et les juristes nationaux : de 37 avocats en 1997, ils sont aujourd’hui 1.200.

Ce même passé rassemble plus qu’il ne divise dans un même élan de développement que ce soit au niveau social, commercial, culturel, économique et international.

A ce propos, il est particulièrement significatif de relever le besoin des élites gouvernantes ou non, de s’appuyer sur l’expérience des autres nations africaines ou autres. Preuve en est que les confrères rencontrés, tel le bâtonnier en exercice, Maître KAVARUGANDA, les anciens bâtonniers: Maîtres KAZUNGU, GATERA , KARANGWA, RUTABINGA, Maîtres GASARABWE, MUCYO, UMUGWANEZA … ont reçu une formation de pays tiers et sont affiliés à des organisations internationales telles que l’East African Law Society ou la CIB dont le barreau du Rwanda a accueilli le congrès de décembre 2012. Ils y recherchent des solutions innovantes, des expériences qui permettent à leur pays de progresser par exemple dans le domaine du droit (dispositions légales, textes de doctrine et jurisprudence), dans la formation des avocats.

Le rôle d’un Barreau comme le nôtre s’inscrit donc parfaitement dans cette dynamique.

Il y trouve d’ailleurs des points d’appui : le Bâtonnier KAZUNGU a fait ses études à Liège et a été inscrit comme avocat à notre Barreau ; le Ministre de la justice du RWANDA a tenu à honorer le barreau de Liège  à travers ses représentants lors des festivités du 20^e anniversaire du Barreau de Kigali.

Noël SIMAR

Les barreaux africains sont confrontés à des défis bien plus grands que les nôtres. Leur première demande est simple à rencontrer : être reconnu et être en liens avec des barreaux étrangers, dont des barreaux européens. Pouvoir faire état de ces liens face est souvent pour eux une « protection » importante face aux excès de certains pouvoirs étatiques ou autres.
Manifester une solidarité est bien dans les gênes du barreau de Liège, traditionnellement  ouvert et solidaire.
En l’espèce, cela demande peu.

Tout qui est intéressé par cette ouverture au monde sera comblé.

D’autant que les domaines professionnels à partager ne manquent pas : la formation, la déontologie, les défis de la profession d’avocat, les TIC, l’Intelligence artificielle, les procédures : l’arbitrage, même si l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage (AUA) du 11 mars 1999 de l’OHADA est délaissé  pour des procédures de droit anglo-saxon, …..

Il est de nombreuses manières d’être solidaires.
Le FC Barreau de Liège a obtenu l’organisation à Liège en 2019 du championnat de football des barreaux francophones.
On ne sait des barreaux africains seront en mesure d’être représentés.
Si oui, ce serait une belle opportunité d’ouverture et de solidarité.
Autre chose que le business des J.O. et de la Coupe du monde de football au mépris des populations locales et pour « endormir » tout sens critique de notre part !
Bon « Mundial » quand même !

André DELVAUX