Le trail du Barreau de Liège

Compte rendu par Eric Therer

Vous êtes dimanche. Vous êtes un dimanche 26 novembre. Dehors, une bruine tenace a glacé l’atmosphère, la température avoisine le zéro. Vous pourriez rester à demeure, assis sur le canapé au coin du feu à écouter des suites de Bach ou le nouvel album de Ben Frost. Vous pourriez vous tenir pénard et siroter un café en regardant au travers de la fenêtre du living tomber les dernières feuilles. Le cœur de l’automne, les jours brefs, la lumière chiche. Au lieu de cela, vous vous affairez, enfilez un short et un survêtement en lycra, chaussez une paire de running et vous voilà en route pour Robermont.

Robermont. La route nationale 3 flanquée de maisonnettes pas nettes et de commerces décatis, le cimetière, le funérarium, le parking du Tec. Robermont : 50 nuances de gris. Il est 9h52, il ne faut pas traîner. Vous vous procurez votre dossard à 4 épingles auprès de M. Franssen en acquittant le coût de votre inscription de 6 €. Vous rejoignez le terrain de foot en contrebas du Centre de Loisirs du Tec. Le sol est détrempé, le ciel délavé.

On est plusieurs centaines à frapper du pied, à battre des bras, à tenter de se réchauffer. Des petits groupes reviennent d’un tour d’échauffement. D’autres attendent patiemment en réglant leur montre Polar sur la fonction désirée. Chronométrer, évaluer, jauger : même la course à pied n’échappe pas à la règle de l’hégémonie du chiffre. Vous cherchez des yeux des confrères mais, en fait d’avocats, il faut vite se rallier à l’évidence, nous sommes peu nombreux, une quinzaine tout au plus.

Le départ est donné sans réelle sommation. Le groupe s’ébroue pour mieux s’élancer. Il emprunte d’abord un ancien chemin de maraîchers bordant le Centre Funéraire pour rejoindre rapidement une rue pavée gardée par un combi de police avant d’obliquer vers la rue des Fusillés. Nouveauté cette année, le parcours impose une descente – partielle mais passablement escarpée – du Thier de la Chartreuse, pour atteindre la cour de la maison de repos Vulpia où une collation est lourdée fissa aux coureurs, après quoi on remonte le Thier en saluant ceux qui le dévalent dans un chassé-croisé amusant. Direction le Parc des Oblats et ses chemins étroits boueux. C’est ici que la course commence réellement. Quand vient le raidillon après une longue descente, on mesure enfin la difficulté du parcours et la nécessité de ménager ses efforts. On longe l’Avenue de Péville en remontant la colline pour gagner une plaine de jeux où nous attend un gobelet d’eau aimablement servi par l’équipe renfort de la CLJB.

La course n’en est pas terminée pour autant. Il nous faut maintenant redescendre dans les entrailles du parc, emprunter les ancestrales douves qui gardaient le fort de la Chartreuse, suivre les fortifications en bien piteux état… Il y a là tout un patrimoine dont on ne mesure pas la vraie richesse. Mais l’heure n’est pas à la contemplation, il faut tenir le coup et finir à temps. Reprendre la rue des Fusillés, retraverser la rue de Herve et rallier le rush final dans la rue des Coquelicots.

L’arrivée est salutaire. Je termine à quelques secondes de Me Dister, dans sa foulée, le bougre avait profité de la grimpée de Péville pour me dépasser. Une fois le dossard ôté, Me Bayard vous convie à manger une tranche de pain d’épices et nous refourgue les gougouilles invendues de la Saint-Nicolas du Jeune Barreau, viatique bienvenu et requinquant. Tout se termine dans une sorte de (con)fraternité sportive de bon aloi, après quoi chacun s’en retourne dans ses pénates. Me Wuidard, lui, annonce à qui veut l’entendre qu’il retourne chez lui en… courant, à Alleur, à bonne allure. Chapeau bas !

Eric Therer

(photographies par Michel Wynants)

Photos des bénévoles du Barreau et du Jeune Barreau qui ont participé à l'évenement!