Partager sur
Mardi 15 mars 2016 : Alplago - Lee Se-Dol : 4-1
Alors, innovons ?
Madame, Messieurs les Bâtonniers,
Chers Confrères,
« N’est-il pas honteux d’agir toujours trop tard, de ne pas comprendre qu’il ne faut pas suivre les évènements mais les précéder ? »
C’est à cette phrase de Démosthène que je pensais le vendredi 20 novembre 2015, quelques minutes avant l’ouverture du colloque organisé par notre Ordre et intitulé « satisfait ou remboursé – l’avocat oeconomicus ».
Cette phrase nous fait réfléchir sur les évolutions qui s’opèrent à toute allure dans tous les domaines.
Le mardi 15 mars, un match opposant l’intelligence artificielle (le superordinateur de Google, Alplago) à l’intelligence réelle (un homme, Lee Se-Dol, grand maître sud-coréen du jeu de go) s’est soldé par une plantureuse victoire de l’intelligence artificielle (4-1, 1-1 à la mi-temps).
A présent, le robot DoNotPay s’autorise à donner des conseils juridiques.
Et si les avocats se réveillaient un matin en constatant soudainement que leur métier a tellement changé qu’il a quasi disparu ?
Sommes-nous, au moment où j’écris ces lignes, en train de combattre une tendance qui ne s’arrêtera pas, ou bien allons-nous passer de l’autre côté ? C’est-à-dire travailler dans un environnement robotisé, caractérisé par des services nouveaux, et beaucoup moins chers, qui, à terme, pourront être gérés par des non-juristes ?
Notre « espèce » est-elle menacée d’extinction ? (« Avocats, une espèce menacée », in Trends Tendance, 10/12/2015, page 32)
* * *
Le barreau de Paris a mis en place une structure au printemps 2014 : l’Incubateur.
L’Incubateur est un laboratoire d’idées avec pour mission de proposer des réformes issues des débats publics qu’il organisera, mais c’est en même temps un incubateur de projets qui récompense, lors de la remise annuelle du prix de l’innovation juridique, les projets les plus innovants portés par les avocats, et les projets portés par des acteurs économiques.
En 2015, l’Ordre des avocats du barreau de Paris a lancé le site ‘avocats-actions-conjointes.com’, permettant ainsi aux justiciables de rejoindre « les actions de masse engagées par des avocats » ; Il a également lancé deux sites, l’un dédié aux avocats, l’autre au grand public, adoptant tous deux une nouvelle charte graphique plus lisible et moderne (rapport d’activité du bâtonnat de Paris 2014-2015, pages 9 et 10).
Selon le bâtonnier de Paris, il s’agit de la première réponse de la profession à « l’ubérisation du droit ».
* * *
Certes l’avocat est un juriste à part, et pas seulement à cause de sa déontologie.
Ainsi que l’écrivent les professeurs Françoise de Viron et Benoît Gailly (« Gérer l’innovation, cela s’apprend », in La libre entreprise, 2 janvier 2016, page 9), « l’innovation, c’est l’affaire de tous, à condition de s’approprier les bons modèles et les bons outils ». Ils interrogent : « gérer l’innovation, est-ce un art, une science ou les deux à la fois ? ». A cette question, ancienne, ils répondent « qu’il s’agit d’une pratique et d’une pratique qui peut s’apprendre ».
* * *
Le conseil de l’Ordre du barreau de Liège a décidé à son tour d’organiser un prix de l’innovation.
Vous en trouverez le règlement ci-joint.
Il récompense une manière différente et créative d’exercer ou de mettre en valeur la profession d’avocat ou un aspect de celle-ci.
Il sera décerné tous les ans, et pour la première fois le vendredi 18 novembre 2016 lors de la rentrée solennelle de la Conférence Libre du Jeune Barreau de Liège.
Le barreau se fera le relais de l’attribution du Prix et des éventuelles mentions spéciales, non seulement en son sein mais également par la voie d’un communiqué de presse, avec l’accord et le concours des récipiendaires.
Alors, innovons ?
Le Bâtonnier de l’Ordre,
François DEMBOUR
Ajouter un commentaire