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"Odoj som khere, kaj man den pativ". Proverbe rom
Quel est le point commun entre Bela Bartók, Luis Buñuel, Victor Hugo et Madeleine Allbright ?
La réponse est plus évidente qu’elle n’y parait lorsqu’on dépasse les étiquettes que l’on attribue à ces personnalités. Ils n’étaient pas seulement compositeur, réalisateur, écrivain ou secrétaire d’État mais tous ont été contraints de migrer en dehors des frontières de leur pays et tous ont bénéficié du statut de réfugié.
« La migration a existé de tout temps et l’histoire est faite de ces longs et douloureux cortèges de personnes errant sur les routes, soit à la recherche d’un asile sûr, soit à la recherche d’une maigre pitance, fuyant l’affrontement, la famine ou la catastrophe naturelle ou cherchant alors à échapper à une pensée persécutrice et peu respectueuse des individus. Peut-être le siècle qui vient de s’écouler a-t-il été un des siècles les plus violents de l’histoire universelle, avec deux guerres mondiales et un nombre invraisemblable de conflits locaux, régionaux, internationaux, avec des génocides, des guerres civiles, des épurations ethniques et tant d’autres événements marqués du génie destructeur de l’homme. Jamais peut-être n’avons-nous vécu tant de migrations » (1).
Cette interrogation dans le doute se mue en affirmation lorsqu’on analyse les motifs migratoires. A ceux de la violence et de la peur, s’ajoutent les causes économiques. Autant de raisons de quitter sa terre pour un eldorado rêvé où la richesse tendrait les bras à celui qui n’aurait besoin que d’audace. Bien sûr, trop souvent le rêve se brise et l’idéal doré d’un monde meilleur se dissipe dans les nuages bleus des illusions perdues ! Je l'ai déjà dénoncé récemment. La migration constitue donc une réalité très douloureuse pour des millions d’individus, pour des adultes bien sûr, mais pour une masse considérable d’enfants, emportés par ces vagues déferlantes, avec leurs parents ou, parfois, livrés à eux-mêmes, seuls, enfants perdus entre un là-bas abandonné et un ici qui ne ressemble à nulle part.
Il faut donc comprendre la migration. Pour ce faire, voici un outil qui va sans doute casser les idées reçues en la matière. Le cercle permet une visualisation des flux migratoires dans le monde depuis 1990 jusqu'à 2010. Les pays d'origine et les pays de destination sont représentés autour du cercle. Chaque pays a une couleur (Mexique : jaune). Les flux ont la couleur du pays d'origine et il y a un espace entre eux et le pays de destination. La taille du flux représente son importance. En passant la souris sur les pays ou les flux, on obtient les données chiffrées.
A l'occasion de la journée internationale des réfugiés, le 20 juin prochain, une série de manifestations vont se dérouler à Liège, à Seraing, à Charleroi ou encore à Bruxelles.
Car le 20 juin les diables rouges ne jouent pas. Car le film "Fleur du désert" qui sera projeté à cette occasion est l'adaptation cinématographique du roman écrit par Waris Dirie. Dans cet ouvrage autobiographique, la romancière détaille son parcours hors du commun, de son excision à l'âge de 5 ans jusqu'à son engagement humanitaire, en passant par sa carrière de mannequin et sa nomination au poste d'ambassadrice de l'ONU pour les questions liées aux mutilations sexuelles. Le roman a ouvert le débat sur un sujet méconnu : les mutilations génitales féminines pratiquées dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.
Parce qu'en définitive, "Odoj som khere, kaj man den pativ": je suis chez moi, là où on me respecte (2). Jean-Pierre JACQUES
(1) Jean ZERMATTEN, Juge des mineurs, Vice-Président de l’Institut International des Droits de l’Enfant in « Étrangers, migrants, réfugiés, requérants, clandestins… et les droits de l’enfant », actes du 6ème séminaire organisé par l’Institut International des Droits de l’Enfant, avril 2001, p.7.
(2) M. Courthiade, S. Méritxell Pradier et F. Koci, Sagesse et humour du peuple rom, Paris, L'Harmattan, 2006, p. 15.
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