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Le mot du Bâtonnier
Aimez-vous la boxe, ce que l’on appelle « noble art » ?
J’ai personnellement pour cet exercice un intérêt limité, mais, n’en voulez pas à mon âge, j’ai été fasciné, comme tous mes contemporains, par une icône qui participe à la mythologie du sport du 20è siècle – au même titre qu’Eddy Merckx, Björn Borg, les diables au Mexique (pourquoi pas au Brésil ?) – The « greatest » Mohamed Ali, légende de la boxe, non seulement un sportif d’exception, mais également un homme de conviction.
J’ai une affection particulière pour son combat politique et social qui a permis l’émancipation des noirs américains, par ailleurs au détriment de sa carrière, et ces petites pierres qui ont roulé ont permis à un autre afro-américain, habitant comme lui Chicago, de devenir Président des États-Unis.
Le sport et le combat social, que fallait-il d’autre comme ingrédient pour m’inspirer ?
Une date me revient en mémoire.
Le 30 octobre 1974 a eu lieu à Kinshasa, un match légendaire qui opposait Mohamed Ali à George Foreman.
Mohamed Ali, au 8è round, gagne par K.O. (pour tous ceux qui se demandent de quoi je parle, voyez la vidéo qui suit).
Je me souviens encore aujourd’hui de ce combat historique et emblématique.
Pour tout vous dire, je m’en souviens d’autant que cette affiche d’anthologie peut correspondre à la métaphore de cette année judiciaire qui se termine peu à peu… pourvu qu’elle se termine…
Ces 9 derniers mois n’ont-ils pas été un long et pénible match de boxe (pour la légende on verra) ?
C’est peu dire que les coups ont plu sur le barreau cette année.
Quelques rounds épuisants consacrés à l’aide juridique, où les adversaires gagnent aux points au 2.504è round, le barreau étant impatient de connaître la date du combat de la revanche.
Quelques uppercuts du gauche pendant les rounds consacrés à la TVA. Les dommages des coups portés à cette occasion sont prévisibles. Certains ont déjà une plaie à l’arcade et l’œil poché.
Un direct du droit avec la fusion des arrondissements judiciaires, le barreau étant pris par surprise et imprévision.
Et le dernier coup consacré à la fiche légale d’information juste avant que la cloche sonne la fin du round.
A bien y réfléchir, au lieu de parler du noble art, ne devrais-je pas parler d’un combat de rue ?
Le combat et les juges font défaut et l’adversaire reste au vestiaire pour composer un gouvernement à l’abri des regards.
A cet égard, on peut regretter l’absence de tout contrôle antidopage, et ceux qui étaient présents lors de l’assemblée générale extraordinaire d’Avocats.be consacrée à l’aide juridique ont pu le constater, à l’écoute des représentants des présidents des partis politiques.
Ce résumé métaphorique du combat de boxe ne serait pas complet sans signaler qu’à côté du ring, en prenant l’air en sortant de la salle de combat, il y a la lumière de ce projet ambitieux de rapprochement des barreaux, condition nécessaire pour nous mettre au même niveau que les nouveaux poids lourds que sont les supers chefs de corps.
Si nous rappelons cette nouvelle échéance, c’est que le barreau -poids plume- ne boxera plus dans la même catégorie que la magistrature.
Cette rubrique ironique et sportive ne saurait se clôturer sans rappeler une anecdote d’un combat d’Ali contre Foreman.
Ce combat avait donc lieu à Kinshasa.
Ali, qui était un provocateur avisé, avait traité Foreman de « belge ». Tout le public kinois, qui en était ravi, supportait Mohamed Ali contre Foreman.
Cette anecdote nous inspire aussi.
Consacrons notre énergie à maintenir et améliorer la communication et l’image de marque de notre profession auprès du public.
Les barreaux locaux qui sont les premiers lobbyistes de la profession doivent investir, en toute humilité, dans la communication, au besoin en ayant recours à des spécialistes, et en s’alignant sur les éléments de langage, la méthodologie et le style d’Avocats.be, de manière à unifier la présentation et l’image extérieure.
Cette année électorale ne fut-elle pas exemplaire de ce que nous sommes capables et des limites de nos capacités ?
Si c’est très bien dans un monde où tout est image de faire de la « com », il faut encore que nous montrions à l’extérieur que nous combattons les coups bas, en-dessous de la ceinture, et que nous sanctionnons les morsures d’oreilles et autres arrachages de cartilage à la Tyson.
Vous m’avez compris, je parle ici de ce qui est communément appelé « la petite déontologie ». Ce qui frappe, si j’ose dire, ce n’est pas tant la voyouterie, on ne peut plus marginale, mais ce sont surtout les bavures d’une négligence qui dans certains cas frisent l’obésité et qui rendent chèvre le justiciable, et puis le bâtonnier.
En un mot comme en cent, un manque de professionnalisme, notamment dans la gestion du temps qui est notre bien le plus précieux.
Réveillons-nous à l’heure où notre métier n’est plus un artisanat d’improvisation, mais une entreprise éthique !
Prolongeant la matinée déontologie du 15 novembre 2013, je vous recommande la lecture de l’ouvrage, paru aux Editions du Jeune Barreau de Liège – Anthémis, « L’éthique de l’avocat – outil de marketing ou d’engagement », sous la coordination de Maître Yves Kevers.
Maître Yves Kevers clôture ainsi ses propos :
« L’éthique de l’avocat n’est pas un argument de vente destiné à rendre attractif les produits et les services. S’il s’agit par contre, au travers de la communication sur l’éthique, d’affirmer ou de rappeler la singularité de la profession d’avocat et son dévouement aux intérêts d’autrui, alors le rappel du principe éthique constitue indiscutablement une publicité collective justifiée.
L’avocature est naturellement, profondément et nécessairement lié à l’éthique du désintéressement. L’avocat est une entreprise éthique. »
Au moment de remonter sur le ring, cette lecture me donne une humeur de combattant, un fighting spirit.
Pas vous ?
Le Bâtonnier de l’Ordre,
André RENETTE
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