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Il y a barreau et barreau...
[caption id="attachment_3491" align="alignleft" width="300"] Photo d'illustration. (Flickr - mikecogh - CC)[/caption]
Il y a celui auquel on appartient et celui auquel on peut être attaché (au propre comme au figuré). A l'heure d'une réforme importante du paysage judiciaire, la question est donc de savoir auquel on va être rattaché. C'est inéluctable et les débats parfois virulents qui ont opposés certains révèlent à quel point un avocat tient à son barreau.
D'aucuns remettent pourtant en cause cet attachement dès lors qu'ils considèrent notre ordre professionnel comme un frein à l'application d'une libre concurrence entre les acteurs économiques sur le marché des services juridiques. Ce vaste débat a encore été récemment mis en lumière à l'occasion du colloque "tomorrow's lawyers", il a y un peu plus d'un mois. Eric Therer nous en livre ses impressions. Si vous avez raté ce colloque ou l'un des exposés, vous pouvez les revoir gratuitement grâce à la WebTV de l'événement en choisissant votre vidéo à la demande.
En s'interrogeant sur l'avocat de demain, force est cependant de constater que son avenir n'apparait pas si radieux. Déjà le baromètre des avocats belges paru en 2010 sous l'égide de l'OBFG (pardon, avocats.be) donnait des signes alarmants. 51,2 % de la clientèle des avocats, en moyenne, sont des particuliers. Avec, ces dernières années, le relèvement des seuils d'accessibilité à l'aide juridique gratuite (ou partiellement), la situation financière de l'avocat risque fort de s'en ressentir si une revalorisation importante du travail réalisé dans le cadre de l'aide juridique n'intervient pas. Qu'il faille augmenter la valeur du point ou réformer radicalement la méthode de calcul de l'indemnisation des prestations réalisées par les avocats dans le cadre de l'aide juridictionnelle ne change rien. Dans les deux cas, l'avenir ne semble pas s'annoncer sous d'heureux auspices (voire même, hospices). La volonté politique n'étant pas présente, il n'est pas non plus acquis que si des promesses électorales sont faites en ce sens, elles soient tenues après le passage de l'électeur dans l'isoloir.
La même étude démontrait également que la réforme des arrondissements judiciaires ne risquait pas de nuire aux petits barreaux dès lors que pour Huy et Verviers, respectivement 76,9% et 60,7 % de leur clientèle provient de ces mêmes arrondissements. Seuls 12,8 % et 22,6 % de leurs clients étaient d'origine liégeoise. La fusion ne risque donc pas de modifier cette situation, au contraire.
Je ne vous démoralise pas complètement en passant sous silence les résultats de l'étude relatifs à la charge de travail excessive, la valorisation du métier, le parcours professionnel décourageant, l'inadéquation de la formation initiale, la (non)conciliation vie privée/vie professionnelle, le stress et la responsabilité professionnelle accrue.
On s'étonnera cependant toujours d'un des plus grand paradoxe de notre profession: l'absence de mobilisation des confrères sur les thèmes qui les touchent pourtant le plus. Alors que le barreau s'interroge sur le futur de la profession pendant deux jours, la grande majorité des participants à ces journées ne seront plus au barreau dans 20 ans. Alors que le barreau de Liège compte plus de 600 avocats volontaires dans le cadre de l'aide juridique, seule une petite trentaine a répondu présent à une après-midi de formation destinée à leur permettre, notamment, de mieux remplir leurs rapports de clôture et donc de se voir attribuer les points qu'ils méritent.
Se préoccuper de l'avenir de la profession et défendre l'aide juridique, c'est une question de solidarité. Solidarité professionnelle et solidarité inter-personnelle. Chacune d'elle a un prix. Mais comme le disait Oscar Wilde, "aujourd'hui, chacun sait le prix de toutes choses, et nul ne connaît la valeur de quoi que ce soit ".
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