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J’ai regardé la vidéo du bâtonnier
J’ai regardé la vidéo du bâtonnier.
En effet, grâce à l’info-ordre traitant des élections, j’ai appris qu’on venait de sélectionner un prestataire adéquat pour nous aider à moderniser notre communication.
Enthousiaste, et consciencieux, j’ai écouté tout le message, moderne, pour découvrir les premiers effets de pareil nouveau contrat (même si je m’interrogeais, je le confesse, sur l’apparente incongruité, pour des avocats, de demander à un prestataire comment il fallait s’exprimer pour être clair et bien compris par d’autres avocats …).
Notre ordre a des objectifs. C’est bien ! Celui qui m’intéresse (ici), qualifié de gros chantier et même de priorité, est de parler clair, se faire comprendre ; bref, moderniser sa communication.
Moderniser : Donner un aspect, un caractère moderne à quelque chose.
Moderne : Qui est, a été réalisé depuis peu de temps et souvent d’une manière différente de ce qui avait été fait précédemment ; qui est représentatif du goût dominant de l’époque.
Aïe : « Goût dominant de l’époque » …
J’aime mieux Qui bénéficie, témoigne des progrès effectués dans un domaine. Ou encore Qui est d’une facture nouvelle et apporte quelque chose d’inédit, d’original.
C’est bien ça, progrès, facture nouvelle et original ! Voyons voir …
Zut, on est plutôt dans le goût dominant de l’époque : on recourt à une répétitive (sempiternelle …) « Mise en place » et on ne peut éviter Ce qu’on appelle dans le jargon « le fresh start » ! Mais, c’est le jargon de qui, ça ?
Ouille encore, on a rencontré d’autres barreaux pour échanger sur un certain nombre de sujets et on veut à présent relancer les échanges avec les huissiers puis organiser une après-midi d’échanges avec les juges d’instruction.
Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir échanger de la sorte ?
Comme y insistait l’Académie française en 2014 déjà, « Le verbe échanger est un verbe transitif et doit donc être construit avec un C.O.D. Une mode se répand, qui consiste à l’employer absolument, mais c’est une incorrection ». Quant aux échanges du tennis, ce n’est que l’ellipse d’un échange de balles.
J’en profite pour rappeler une autre mode agaçante, au goût du jour, qui consiste à utiliser partager pour lui donner le sens d’échanger des propos ou de discuter. Dans une conversation, on ne partage pas son point de vue, on cherche à le faire partager à son interlocuteur. Quand il n’est pas pris au sens premier de diviser, faire des parts, ce verbe signifie agréer, accepter, faire sien ; « Je partage votre point de vue » signifie « je suis d’accord avec vous ».
Et non, on ne s’appelle pas pour partager autour d’un sujet !
Pour parler clair et se faire mieux comprendre, la première chose serait peut-être d’utiliser les mots appropriés plutôt que les tics de langage. Progrès et goût dominant ne sont pas synonymes.
Et voilà que la vidéo se termine avec, en arrière-plan, le slogan d’avocats.be revisité : « Un avocat, c’est qu’il faut voir avant pour éviter les ennuis après » !
Caramba ! Un avocat n’est même plus quelqu’un. Pourvu que ce ne soit pas la nouvelle société conseillère en communication qui ait suggéré pareil escamotage …
Jari
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