Rencontre avec Alexandre Pirson

Interview

Introduction 

Dans la série « nos confrères ont du talent », rencontre avec Alexandre Pirson, avocat spécialisé en droits public, de l’urbanisme et des marchés publics, comédien et auteur de la pièce « Orpheus », jouée notamment au théâtre du Trocadéro de Liège. 

Questions 

Programmée pour sept dates, la pièce Orpheus rencontre d’ores et déjà un franc succès. Les premières représentations se sont jouées à guichets fermés et les critiques saluent une écriture inventive et une mise en scène époustouflante.  Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vue (la pièce se joue encore au Trocadero ce 31 octobre), pourrais-tu nous dire quelques mots sur la pièce et son univers ?

C’est vrai que cela fait très plaisir d’avoir des retours de gens qui sont touchés par ce qu’on a voulu donner sur scène avec la troupe des Otarires… Orpheus est une comédie fantastique. Si les Otarires sont habitués à présenter des œuvres humoristiques, l’originalité, cette fois, est qu’on immerge le spectateur dans un univers fantastique de l’époque victorienne. On y retrouve, visuellement et dans les textes, les ambiances du vieux Londres de la fin du XIXème siècle, comme dans les romans de Bram Stoker ou Conan Doyle. Evidemment, nous parsemons cette ambiance d’une touche absurde et décalée, ce qui est un peu la marque de fabrique de la troupe. Ceux qui aiment les Monthy Pythons ou les Robins des Bois devraient retrouver quelques modestes similitudes.

Quiconque a des talents d’écriture n’est pas forcément bon auteur de théâtre… Peux-tu nous parler de tes inspirations? As-tu suivi des cours ou formations sur l’écriture de récits? 

La dramaturgie, c’est une initiation compliquée, particulière. J’avais suivi des formations et je m’étais intéressé à des ouvrages de méthodes au début de mon parcours « adulte » en impro. Mais c’est surtout l’expérience de la mise en scène et des pièces précédentes qui m’a amené à revoir totalement la méthode pour écrire cette pièce-ci. Pendant les premières semaines de mon confinement, mon salon était jonché de post-it, d’œuvres d’époque que je lisais en boucle (surtout Dracula de Bram Stoker) et de la trame de la pièce, qui s’est complétée des dialogues au fur et à mesure. Et puis j’ai laissé un peu le texte mûrir, pour le finaliser à l’été 2020. La différence avec les pièces précédentes, c’est que pour celle-ci, le texte n’a quasiment plus bougé depuis son envoi aux comédiens. Je présume qu’à force d’avancer, on apprend : ce sera pareil pour la pièce suivante…

Mener de front une carrière d’avocat et d’écrivain n’est pas chose aisée… Comment s’organisent tes périodes d’écriture : discipline quotidienne ou plutôt phases créatives intenses ? 

Les phases créatives s’imposent d’elles-mêmes au début. Les idées apparaissent surtout quand je réalise une tâche manuelle, quand je fais du sport…. Mais une fois que la trame est là, que quelques dialogues percutants sont écrits, il faut se ménager des moments d’écriture. Cela implique parfois d’être exposé au fameux syndrome de la page blanche ;il faut alors remettre l’ouvrage à plus tard. Mais cette pièce a été surtout écrite lors de soirées solitaires durant le confinement ou le dimanche après-midi… Le confinement a eu ceci de positif pour la pièce que j’ai été moins sollicité en dehors du travail.

Ce qui est certain, c’est que les deux exercices sont radicalement différents : la rédaction juridique est dictée par des impératifs purement professionnels, tandis que la rédaction de pièces est pour moi une sorte de libération d’idées qui trottent en tête ou de projets dans un domaine qui me passionne. Je dois bien avouer aussi que la motivation trouvée à encore prendre le PC le soir ou le week-end est là grâce aux autres membres de la troupe : je sais qu’ils peuvent donner une énorme dimension à n’importe quel texte.

Pour le reste, je suis souvent amusé de la question « mais comment ça se fait qu’un avocat écrive aussi des pièces de théâtre ? ». En réalité, je pense que les gens ont un peu du mal avec le fait de ne pas pouvoir mettre une étiquette sur une plume. La combinaison des deux me va parfaitement…

En quoi considères-tu que ta profession d’avocat a facilité ou, au contraire, compliqué l’écriture et la réalisation de la pièce? 

Ce qui contribue à la bonne rédaction de la pièce, c’est sans doute l’habitude d’une certaine rigueur rédactionnelle… Ce qui complique l’exercice, en revanche, c’est qu’il faut se forcer à changer totalement de style. La pièce ne doit pas contenir de réplique qui ressemble à des extraits de conclusions ou de courriers d’avocats. Pour éviter d’avoir une plume « brouillée » par le style adopté au quotidien, j’ai donc lu des romans fantastiques de l’époque, dont surtout le célèbre « Dracula » de Bram Stoker, qui est entièrement épistolaire. Cela m’a permis de me départir de la rédaction des écrits juridiques du quotidien.

Je sais de source sûre que ce n’est pas ta première pièce… Celle-ci est la quantième? En quoi ce projet se distingue-y-il des précédents? 

C’est la troisième pièce, en effet. Mais je pense que c’est celle qui est la plus personnelle et qui correspond le mieux au mix des univers qui m’inspirent. J’ai toujours adoré le fantastique et le comique absurde. Les codes utilisés sont ceux-là. Cela peut rendre la pièce moins accessible, mais je crois qu’elle est beaucoup plus visuelle. Surtout, pour Orpheus, j’ai pu compter sur l’immense talent de la troupe des Otarires et de son entourage. Des comédiens ont ainsi créé les décors, toiles de fond, mobiliers, costumes, maquillages…. et j’ai même eu le plaisir de composer les musiques de la pièce avec mon meilleur ami, qui est un producteur de renom. Je pense donc qu’à la différence des pièces précédentes, c’est une pièce « de genre », et beaucoup plus aboutie…

As-tu déjà d’autres projets créatifs ? Quels univers souhaiterais-tu aborder prochainement ?

Eh bien… oui, il y a quelque chose au frigo qui se prépare. Un projet sans doute plus ambitieux encore. Ce que je peux peut-être dire, c’est que ce sera caustique et beaucoup plus contemporain. Pour le reste, je préfère ne pas trop en dire vu que le projet est embryonnaire. Puis, il faudra aussi que la troupe des Otarires le valide. Mais ce que je propose, c’est que les lecteurs se tiennent informés en nous suivant sur notre site internet categorielibre.be ou sur les pages Facebook et Instagram des Otarires…

 

Sarah Lemmens

 

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