Chronique littéraire : l’après littérature, d’Alain Finkielkraut

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(Stock, 228 p., 19,50 €)

Pour une fois, il s’agit d’un essai, que nous commenterons en tant qu’il s’attache à la littérature. L’œuvre, dans son ensemble, entend, en effet, dénoncer de nouveaux dogmatismes contemporains résumés dans l’introduction en trois propositions :   tout est culturel, un idéal égalitaire, le nihilisme compassionnel. L’objet du livre est donc plus large que ce que laisse supposer le titre. Alain Finkielkraut n’écrit pas autre chose qu’Abel Quentin (Le voyant d’Etampes) mais l’un écrit un essai, l’autre un roman,  un conte, presque une sotie. 

Tout d’abord, il condamne l’écriture inclusive censée restituer aux femmes la place qui leur est due (p.21) mais, en réalité, instaurant un sabir affreux, rendant illisible et imparlable la langue française (« Cher.e.s étudiant.e.s, vous êtes convoqué.e.s pour venir rencontrer  vos interlocuteur.trice.s pour l’année »), insondable bêtise d’un bégaiement obligatoire (p.52), alors qu’il suffit d’évoquer les noms de Louise Labé, Colette,  Nathalie Sarraute, Marguerite Yourcenar et de bien d’autres pour constater que les femmes n’ont pas attendu cette réforme pour magnifier la langue française. Malheureusement, il ne  se fait pas d’illusions, «  l’art est toujours vaincu par l’idéologie » (p.66).

Ensuite il s’interroge : va-t-on, comme aux Etats-Unis, nettoyer les textes anciens et les corriger pour les rendre conformes  aux valeurs (à l’idéologie) actuelles ? On a déjà commencé : le titre du roman d’Agatha Christie  (Les Dix Petits Nègres) a été modifié spontanément par les héritiers de la grande Agatha (p. 159), Leo Muscato fait assassiner Don  José par Carmen dans sa récente mise en scène, avec l’approbation de certains critiques (p.43) (qu’en eussent pensé  Mérimée et Bizet ?), à  quand l’autodafé de Lolita ?

Dans le même sens, nous nous permettons de corriger une partie du célèbre monologue d’Alceste :

        …et je hais tous les hommes. toutes les femmes.
        Les un.e.s parce qu’ils.elles sont méchant.e.s et malfaisant.e.s
        Et les autres pour être aux méchant.e.s complaisant.e.s…

La littérature, écrit  Alain Finkielkraut, est l’un des deux « antidotes à la disparition du particulier dans le général » (p.77), l’autre étant le droit. Et, dans la même ligne, il cite Philip Roth : « Quand on généralise la souffrance, on a le communisme. Quand on particularise la souffrance, on a la littérature » (p.90). Nous avons relevé avec satisfaction qu’Alain Finkielkraut fait également de Milan Kundera un des plus grands écrivains encore vivants, tout en soulignant que, jugé trop sexiste par l’académie suédoise, il n’a aucune chance d’obtenir jamais le Nobel.

Nous achèverons cette courte recension d’un livre qui mérite d’être lu en entier, qu’on l’approuve ou non, par une citation qui sort un peu du cadre que nous nous sommes imposé : « l’incendie de Notre-Dame  n’est ni un attentat ni un accident, c’est un suicide. Epuisée par le surtourisme, déprimée par les milliards de selfies dont elle constitue l’arrière-fond et encerclée par la laideur, la cathédrale a voulu mettre fin à ses jours » (p.156).

 

André TIHON
 

Voici un article trouvé sur un site "agouche.org" qui n'est dons pas de la tendance de Finkielkraut.. Inquéitantde constater que notre barreau est infecté par le post modernisme et la Théorie ( le wokisme):
L’écriture «inclusive», une barbarie post-moderne anti-sociale
"La langue française a historiquement fait le choix du masculin comme genre neutre par défaut. Cela permet de décrire une situation générale où il est fait référence à des personnes en général, sans avoir besoin de préciser leur sexe, car dans la plupart des situations on se moque éperdument du sexe des personnes en question.
Quand on dit « en 2021 en France, les ouvriers ont un bon niveau de vie », on ne s’intéresse pas du tout au sexe des ouvriers en question. Il est parlé des ouvriers en général, et le genre masculin a une fonction neutre, une portée générale.
Si le masculin est le genre neutre par défaut, cela ne veut pas dire que le féminin ne peut pas avoir cette fonction neutre également. Au contraire, cela arrive souvent, par exemple quand on dit « en 2021 en France, la classe ouvrière est particulièrement dépolitisée. »
On ne s’intéresse ici pas du tout au sexe des ouvriers composant la classe ouvrière et peu importe d’ailleurs que le mot classe soit masculin ou féminin. Il y a dans le contenu du mot « classe » tout autant des ouvrières que des ouvriers, mais il est parlé au féminin, car le mot « classe » est féminin, et le féminin a ici une valeur neutre. Il pourrait en être autrement, cela ne change rien à rien.
Ce qui est valable en général l’est en particulier.
Quand on dit « Benjamin est une belle personne, particulièrement généreuse », la masculinité du Benjamin en question n’est aucunement niée ni remise en cause ; Benjamin n’est absolument pas discriminé ni « exclu » en tant qu’homme en raison de cette formulation. Il s’agit juste d’une règle de grammaire faisant qu’il faut accorder au féminin les adjectifs décrivant un nom féminin.
Il en est de même pour Louis XIV quand Jean-Baptiste Colbert s’adresse à lui dans leurs correspondances en disant « Elle ». Le contrôleur général des finances parle à la troisième personne à « Sa Majesté », qui est un mot féminin, mais cela n’a aucun rapport avec le sexe du Roi de France.
Tout cela est connu et admis de tout un chacun et ne pose aucun problème au quotidien. Le Français est une langue complexe et très élaborée, correspondant à une société elle-même particulièrement complexe et élaborée. Les membres de cette société ont tout à fait la capacité de faire la différence entre le genre neutre désignant des situations générales ou particulières et les genres féminin et masculin quand ils servent à désigner des personnes ou groupes de personne en raison de leur sexe. C’est quelque chose de très naturel.
Seulement, cela pose un problème énorme aux post-modernes, car ils sont littéralement obsédés par le fait déconstruire la société et l’unité de la société. Reflétant le libéralisme économique, ils veulent le libéralisme culturel et insistent ainsi sur l’identité.

Cette mise en avant de l’identité passe par le rejet de ce qui a une signification universelle. Les post-modernes veulent toujours en revenir au particulier, ils veulent sans-cesse atomiser la société pour mettre en exergue les individus. Ils détestent donc cet usage grammatical du neutre dans la langue française : pour eux il faut sans cesse diviser la société entre hommes et femmes, même quand cela n’a aucun rapport avec le sujet.
Les post-modernes prétendent alors que la langue française est « excluante » vis-à-vis des femmes en raison de la règle grammaticale faisant que le masculin est le genre neutre par défaut. Ils prétendent que quand une université s’adresse aux « étudiants », elle « exclue » les étudiantes car celles-ci ne sont pas définies en particulier.
Les post-modernes ont alors inventé l’écriture « inclusive », pour marquer absolument leur besoin de compartimenter la société entre hommes et femmes, et surtout de séparer les « individus » au nom de leur reconnaissance.
Selon le principe de l’écriture « inclusive », une université doit ainsi écrire « les étudiant.e.s », pour bien marquer qu’il y a des étudiants qui sont des hommes et des étudiantes qui sont femmes, même si cela n’a aucun rapport avec le sujet.
On a alors le droit à tout un tas de mots dans les phrases où des points sont ajoutés pour intercaler le « e » du féminin et supprimer ainsi le masculin neutre. C’est illisible, et d’ailleurs l’écriture « inclusive » n’est jamais vraiment entièrement utilisée tellement c’est un sac de nœuds.
Les gens utilisant l’écriture « inclusive » sont concrètement tellement délirants, tellement en dehors de la réalité, qu’ils en arrivent à utiliser leur formulation « inclusive » y compris quand il n’est question que des femmes… C’est le cas avec l’Unef, ce syndicat étudiant qui était historiquement lié à la Gauche et qui est maintenant un bastion post-moderne, qui est capable d’écrire quelque-chose d’aussi absurde que :
« Victoire pour les étudiant.e.s, mise à disposition gratuite de protections périodiques pour les étudiant.e.s sur ton campus ! »

Absurde pour les matérialistes, mais plein de sens pour des gens maniant de manière fantasmagorique les notions de genre, de sexe, d’identité, depuis les universités et en tournant le dos au peuple, au mépris de l’Histoire.
On en arrive alors à un véritable massacre de la langue française et il est très impressionnant de voir à quel point ce massacre s’est imposé dans un nombre incalculable d’universités et d’institutions. Cela en dit long sur la décomposition et la décadence de la société française, incapable de préserver ce précieux patrimoine qu’est la langue de Molière.
La Gauche historique, qui est le Parti de la société, de l’Histoire, a ici une responsabilité énorme pour défendre la langue française contre les lubies post-modernes. Car qui dit société, dit civilisation, sinon c’est le retour à la barbarie. L’écriture inclusive est typiquement ce genre de barbarie anti-sociale que la Gauche doit dénoncer et combattre".

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