LA RENTREE LITTERAIRE 2017

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LA RENTREE LITTERAIRE 2017

Chronique littéraire rédigée par André Tihon.

Frappe-toi le cœur, d’Amélie NOTHOMB

 

Notre Nothomb annuel démarre assez lentement. Il m’a fallu attendre la page 73 pour commencer à m’intéresser à l’histoire. Finalement, le livre est conçu harmonieusement, d’une bonne composition : structure en deux parties, s’opposant et, à la fin, s’éclairant l’une l’autre. Thème : vaut-il mieux haïr ou mépriser  ou qu’est-ce que la jalousie ? Les relations entre femmes sont, comme souvent chez notre auteur, assez ambiguës, les lecteurs habituels comprendront ce que je veux dire. Les hommes sont d’ailleurs des personnages tout à fait secondaires. Amélie Nothomb nous rappelle (p. 164) qu’ « Elisabeth eut deux fils, Charles et Léopold », manière de confirmer sa belgitude. Deux belles phrases : « Marie ne nommait pas son attente, elle en savourait l’infini » (p.9) ; « elle était si heureuse qu’elle se croyait amoureuse » (p.11). Un style de plus en plus classique. Un bon cru.

 

Notre vie dans la forêt, de Marie DARRIEUSSECQ

L’histoire se passe dans un futur indéterminé, à une époque où « les 1 % de super-riches, qui possèdent 99 % de la richesse du monde », peuvent « usiner un clone (qui) leur coûte dans les 1% de leurs 99 % » (p. 177) ; « ils usent un clone puis deux puis trois puis quatre, etc (…). Seuls les super-riches de la planète peuvent se payer un clone » (p.176) ; pour eux, le clonage est une « assurance-vie» (p. 186). A la fin du livre (le lecteur l’aura deviné depuis longtemps), la narratrice comprendra qu’elle n’est elle-même qu’un clone. Livre noir, n’offrant aucune issue, sorte de « pire des mondes », sans sourire, oppressant, écrit (c’est un choix, suppose–t-on) en langage parlé, sans aucun style (ou à tout le moins dans le style particulier du langage parlé…). Si la littérature doit avant tout dénoncer des périls, faire réagir, c’est incontestablement de la bonne littérature.

 

La Fontaine, une école buissonnière, d’Erik ORSENNA

Dans la vie de Rancé, Chateaubriand, évoquant la personne du réformateur de la Trappe, parle en réalité de lui, en creux. De la même manière, Erik Orsenna, lorsqu’il décrit les relations entre le pouvoir ( Louis XIV) et la littérature (La Fontaine), les réfère à ses liens avec François Mitterrand, dont il était le nègre (cfr Le Grand Amour ). Davantage qu’une biographie, le livre est une rêverie sur « le plus grand poète de la langue française », dont des dizaines de générations d’écoliers ont su par cœur nombre de fables (cela ne semble plus être le cas, si j’en juge par mon entourage). De culture classique, Orsenna regrette également la fin de l’enseignement du latin : « on sent bien que notre français vient de cette langue. Et, plus encore que les mots, l’accord entre ces mots, cette logique de la phrase, cette grille souterraine, invisible et pourtant si présente et qui a pour nom grammaire. Et puis le latin ( …), c’est Virgile » (p.22). Inutile d’insister sur la perfection du style…

 

La disparition de Josef Mengele, d’Olivier GUEZ

Comme son titre l’indique, il s’agit d’un roman historique. Pour rendre compte exhaustivement de ce livre, il faudrait dix fois plus de place que de celle dont nous disposons. Sous réserve des pages 119 et 231, où l’auteur exprime clairement son avis sur le nazisme, il s’en tient aux faits, de l’arrivée de Mengele en Argentine en 1949 à sa mort en 1979, laissant au lecteur le soin de juger par lui-même. Il met en évidence les connivences qui ont permis, après la guerre, à de nombreux nazis de rester au pouvoir : « vingt ans plus tard, les dirigeants de ces entreprises (IG Farben, Krupp, Bayer…) ont retourné leur veste. Ils fument le cigare entourés de leur famille en sirotant de bons vins dans leur ville de Munich ou de Francfort » (p. 153). Illustration de la « banalité du mal » (Hannah Arendt). A lire, ne fût-ce que parce que, « toutes les deux ou trois générations (…), la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal » (p.231).

 

Je suis Jeanne Hébuterne, d’Olivia ELKAIM

Cet ouvrage se présente comme une sorte de journal (apocryphe) de la dernière compagne de Modigliani. Livre très sombre, comme la vie du peintre dans les années précédant sa mort en 1920. Notre vision de Modigliani est influencée par le visage angélique de Gérard Philipe, qui interpréta le rôle de l’artiste dans un film de Jacques Becker. La réalité fut plus cruelle, surtout pour sa compagne, qui mettra fin à ses jours quelques heures après le décès de son amant, dans l’indifférence générale. Tous ces épisodes sont bien connus grâce (notamment) aux souvenirs et aux écrits d’André Salmon. Le livre pose une question : un artiste, pour atteindre au génie, doit-il nécessairement vivre dans la misère et se conduire comme un goujat ? On pense à Villon, Verlaine, Rimbaud, Van Gogh…, on pourrait citer Rubens, Voltaire, Victor Hugo, Picasso, Dali…, richissimes et néanmoins géniaux. Excellent livre, à déconseiller toutefois aux suicidaires.

 

La chambre des époux, d’Eric REINHARDT J’ai lu ce livre avec beaucoup d’appréhension, d’une part parce que le précédent ouvrage d’Eric Reinhardt m’avait laissé sur ma faim (L’Amour et les Forêts), d’autre part parce que Frédéric Beigbeder (en général un bon juge) avait démoli le livre dans une chronique. Il s’agit d’une mise en abyme (l’auteur décrit la rédaction d’un livre dont il raconte le contenu), dans lequel le personnage du deuxième degré « s’abîme en une femme », victime d’un cancer du sang incurable alors que la femme du premier degré, également atteinte d’une tumeur mais au sein, est, quant à elle, guérie. Abîme dans l’abyme… ! Un peu compliqué. De plus, certains passages ne sont pas de très bon goût, à mon humble avis. J’ai toutefois assez apprécié le troisième chapitre. A lire éventuellement par les inconditionnels d’Eric Reinhardt (s’il en existe).

 

Les rameaux noirs, de Simon LIBERATI

Dans cette œuvre en fragments (au sens littéraire), Simon Liberati nous entretient principalement de son père, de l’inspiration (en poésie), de l’entrain (en prose), de l’écriture, en y mêlant un peu d’autobiographie. « J’ai trouvé l’anneau d’allure magique que contient le monde romanesque, réalité fictive construite à partir de débris cimentés par mes soins autour d’un fragment de poésie cachée dans un conglomérat artificiel. L’âme de la prose » (p.276), conclut-il. Il est beaucoup question d’Orphée, Dickens, Breton, Aragon, Jean-Jacques Schuhl (Ingrid Caven).Un côté Pascal Quignard, moins hermétique, plus orphique. De la grande littérature…mais pour érudits qui apprécient encore les classiques latins.

 

Le jour d’avant, de Sorj CHALANDON

J’ai ouvert ce livre avec des paupières de plomb : évocation d’un accident minier survenu en 1974, récit d’une vengeance…Je n’aime pas les romans consacrés à des faits divers. Je me trompais, le livre est passionnant. Ecrit à la première personne, il relate les errances psychiques du frère d’une « victime de la mine », la détention et le procès du narrateur, la fin de l’aventure minière dans le nord de la France. Quelques phrases : « La prison n’est pas une halte, c’est le bout du chemin. Le mur de briques au fond de l’impasse. L’antichambre du sépulcre » (p. 199) ; « Un avocat n’a pas de permission à recevoir » (p. 216). L’auteur reproduit le réquisitoire de l’avocat général et la plaidoirie ( ?) de la défense à la fin du livre. Pour qui penchera le jury ? Une petite frustration toutefois attend le lecteur avocat au dernier chapitre. Pourquoi pas un nouveau prix littéraire pour Sorj Chalandon (il a déjà obtenu le Médicis et le Grand Prix du Roman de l’Académie française) ?

 

La petite danseuse de quatorze ans, de Camille LAURENS

Elle s’appelait Marie Van Goethem, était originaire de Belgique et avait servi de modèle à Degas pour sa sculpture en cire présentée au Salon en 1881. Camille Laurens a entrepris de raconter sa vie, à tout le moins ce que nous savons d’elle (nous perdons rapidement sa trace) et de ses rapports avec Degas. Peintre, il semble que Degas préférait la sculpture, qu’il pratiquait en autodidacte et qui lui permettait d’approcher la « vraie vérité » (p.92) grâce au modelage : « le dessin prépare à la conquête du vrai. Ensuite, les mains touchent le corps, puis elles sculptent la cire pour toucher l’âme » (p.92). Le livre est aussi une réflexion sur l’art, sur la création, l’état d’esprit de l’artiste, du modèle, à la fois récit historique et critique d’art. Camille Laurens est (comme d’habitude) excellente.

 

Jeux de dame, de Thierry DANCOURT

Un roman d’espionnage se passant au début des années soixante. Une atmosphère parfois à la Modiano, quand l’intrigue nous entraîne aux limites de Paris, près du Palais des colonies (ancêtre du Musée Jacques Chirac), le long des boulevards des Maréchaux, ou à la John Le Carré, à Berlin-Ouest, où « travaille » l’héroïne. Un suspense bien mené, sans dénouement clair toutefois. Un titre en jeu de mots puisque Solange porte à la fin un « manteau de flanelle cintré, à motifs de carreaux noirs et blancs ». De légers anachronismes : dans les années soixante, les « bourgeoises » ne fumaient pas (encore) dans la rue et on ne parlait pas de « dégâts humains collatéraux » (p.123). Une langue bien maîtrisée (sous réserve de l’inévitable « dédié »). A lire éventuellement.

 

Nos richesses, de Kaouther ADIMI

Ce livre est à la fois un aperçu de l’histoire récente de l’Algérie (vue du côté algérien) et le récit de la « vie » d’une librairie, « Les Vraies Richesses », fondée à Alger en 1931 par Edmond Charlot, qui y deviendra le correspondant d’Adrienne Monnier et le premier éditeur d’Albert Camus. Contrairement à ce qu’écrit l’auteur, cette librairie existe toujours. Quelques citations : « Les histoires avec les femmes sont la plaie de l’amitié mais sans elles, oh sans elles…rien n’est possible » (p. 81) ; « l’Algérie est le seul pays au monde où c’est l’Etat qui réclame des comptes au peuple et non l’inverse » (p. 58). Une phrase qui m’a amusé : « Mon fils a vingt ans et il passe sa journée devant son ordinateur. L’imbécile ! » (p.58). Le propos de l’écrivain est malheureusement un peu obscur : quelle est sa thèse ? Décrire les souffrances du peuple algérien à l’époque « coloniale » ? Défendre la littérature ? A côté de cela, une belle prose classique.

 

Ils vont tuer Robert Kennedy, de Marc DUGAIN

Que penser de ce livre ? Il manque, à mon avis, un peu de force romanesque. Le narrateur mêle deux intrigues : l’une relative à la mort de ses parents, l’autre à l’enquête qu’il entreprend comme professeur d’Histoire contemporaine sur la mort des frères Kennedy. Il mâtine son propos de considérations générales et désabusées sur l’histoire récente des Etats-Unis, y voyant la manifestation d’un complot permanent dont la CIA serait le maître d’œuvre. Evidemment, le narrateur semble verser dans la paranoïa, sans toutefois que l’auteur se prononce jamais à ce sujet ; cette ambiguïté est un des attraits du livre. Antiaméricanisme primaire ? De qui ? Je laisse le lecteur juge. Un bout de phrase que je ne résiste pas à citer : « …leur téléphone « intelligent », ce petit concentré d’informations qui a pris le pouvoir sur toute une génération pressée de savoir mais pas de penser » (p.312). Malgré les longueurs, un livre plaisant à lire, moins passionnant cependant que La Malédiction d’Edgar.

 

Summer, de Monica SABOLO

Dans deux chroniques, Frédéric Beigbeder, un bon juge comme je l’ai écrit ci-dessus, a conseillé la lecture de ce livre. Il relate, à la première personne, les troubles psychiques affectant le narrateur (quatorze ans au début de l’histoire) après la disparition de sa sœur (dix – neuf ans), Summer. La quête prend fin vingt-cinq ans plus tard, nous n’en dirons pas plus. Le style évolue au fil des pages, initialement brumeux et poétique (genre Marcel Jouhandeau), plus classique à la fin. Une grande maîtrise. Le thème du livre est peut-être le temps qui passe : « j’aimais rester là, je gagnais du temps sur l’existence » (p. 126) ; « Summer n’est pas là, elle est pareille à cette eau qui voyage et se métamorphose, elle est le temps qui passe » (p. 276). Autre phrase en forme d’aphorisme : « Il n’y a pas d’explication, pas de réponses. Jamais » (p.242). La chute surprendra le lecteur. Quoique… De la bonne littérature. Tiens ferme ta couronne, de Yannick HAENEL Ce livre est le meilleur que j’aie lu de la rentrée. Tout d’abord le titre : la « couronne » évoque, on peut le penser, les bois d’un daim, tel celui qui est épargné par Robert De Niro dans Voyage au bout de l’enfer, « le survivant d’un monde régi par le crime (…), l’innocence qui échappe à une Amérique absorbée par son suicide guerrier » (p.18). Ensuite le thème : la quête de la pureté, « il existe dans chaque journée un instant auquel le diable n’a pas accès ; si l’on parvenait à se glisser tout entier à l’intérieur de cet instant, la vie ne serait plus qu’une extase » (p.317). Un début en sotie (première phrase : « A cette époque, j’étais fou »). Une écriture manifestement en plusieurs strates. Une intrigue assez simple faisant intervenir Michaël Cimino, Isabelle Huppert, Melville…, dont certains détails ne sont pas expliqués (qui sont les deux moustachus ? que devient le chien Sabbat ?). Des analyses sociologiques. Une vision métaphysique de la condition humaine (Cimino prépare d’ailleurs une adaptation du roman de Malraux). Bref, un grand roman. Quelques phrases : « il était devenu impossible de savoir (…) si, en clamant dans la nuit des noms de poètes, on est soi-même un poète, ou plus simplement un clown » (p.74) ; « devenir fou pour devenir sage » (p.264) ; « celui qui saura déchiffrer le chuchotement entre une femme et un cerf y entendra le nom de dieu » (p.231). N’était le manque de place, l’oraison funèbre prononcée à la mort de la sœur de Léna mériterait d’être entièrement reproduite. A lire absolument.

 

Comment vivre en héros, de Fabrice HUMBERT

C’est le roman des possibles : à diverses reprises, les personnages se trouvent face à des choix et le narrateur explore les conséquences de leur décision. On pense à un film d’Edouard Molinaro (L’ironie du sort), qui exploitait cette veine. Cela étant, pour simple et bien écrit, le livre est assez peu intéressant, un peu « gnangnan ». A lire vraiment si vous n’avez rien autre à faire ou que vous deviez prendre le train pour un (long) trajet.

 

Zabor, de Kamel DAOUD

L’auteur nous l’enseigne discrètement lui-même : son livre est une métaphore, qui permet « la fabuleuse coïncidence de l’intime avec l’apparence » (p.266). « Ecrire ou raconter est le seul moyen pour remonter le temps, le contrer, le restaurer ou le contrôler. Il y a un lien entre la conjugaison et la métaphysique » (p.150). C’est la littérature française, ses mots, qui écarteront Hamza et la tentation terroriste (chapitre 27), la langue apportera l’éducation et la culture algérienne cessera d’être « arriérée » dans certaines couches de sa population. Tel est le message que paraît délivrer Kamel Daoud (on renverra le lecteur au psaume, p. 213), dans ce beau conte, écrit dans un style classique et poétique à la fois, une réconciliation grâce au truchement de la langue française entre l’Occident et l’Orient, un peu d’espoir dans ces temps assassins. Manifestement écrit en vue du prix Goncourt.

 

La gloire des maudits, de Nicolas d’ESTIENNE d’ORVES

Comme dans les Hommes de bonne volonté, sont mis en scène des personnages historiques, tantôt sous leur vrai nom (Paul Morand, Lucien Rebatet, Germaine Lubin, Jacques Chardonne, Jean Cocteau, François Mauriac … ,Gilbert Bécaud), tantôt sous un nom supposé (François Morland (pseudonyme transparent de François Mitterrand), Edouard Sandrain (Michel Déon), Etienne Licht (Eugène Schueller), Roger Vineuil (André Bettencourt)). L’histoire se déroule en 1955, à une époque où, à l’exception de Brasillach (exécuté) et de Drieu la Rochelle (suicidé), tous les écrivains « collaborationnistes » avaient repris leur place dans la vie littéraire française. On découvre un Paris interlope, dont certains établissements, certaines rues (Sainte-Anne, Vivienne), étaient voués à des mœurs officiellement condamnées. Qu’en penser ? « Tout le monde est sincère, même les traîtres, même les lâches » (p.386) ; « mes Décombres, dit Rebatet, un livre qui avait de la couille. Voilà une époque où on disait les choses » (p.196). La question est ainsi directement posée : la littérature doit-elle ronronner dans le « politiquement correct » ou nous réveiller, fût-ce en générant des conflits d’idées (rappelons une fois de plus le mot de Gide : avec de bons sentiments, on fait de la mauvaise littérature.). Tel est peut-être le vrai thème du livre, l’intrigue est secondaire. Un de mes préférés de la rentrée.

 

Kong, de Michel LE BRIS

Comment transcrire quelques impressions sur ce livre ? Il s’agit d’un roman « total », qui, partant d’une évocation de la vie de Schoedsack et Cooper, les créateurs de King Kong, nous livre une interprétation à la fois nietzschéenne et hégélienne de l’existence, nous raconte les différentes guerres civiles qu’a connues l’Europe de l’Est après la Grande Guerre, décrit Hollywood à ses débuts et la réalisation, par les deux héros, de leurs premiers films « documentaires » (Grass et Chang) ainsi que des Chasses du comte Zaroff, la préparation de King Kong, son succès, l’intrigue sentimentale entre Cooper et Fay Wray, la vedette du film ; apparaissent Isaac Babel, Haïlé Sélassié, Lindbergh, Ernest Jünger, King Vidor, Roosevelt…, tout cela avant l’époque du « politiquement correct », où l’homme pouvait encore risquer sa vie en chassant le tigre « mangeur d’hommes », escalader le Zard Kuh, poursuivre librement des dragons de Komodo, sans manquer à la lucidité : « je sais juste une chose, pour être revenu d’au-delà de cette porte : que si nous la refermons, juste pour n’en plus rien savoir…alors le monstre va grandir, derrière, de plus en plus fort, jusqu’à faire exploser serrures et verrous, déferler sur le monde. (…) Si on regarde le monstre en face, je veux continuer à croire qu’on peut le maîtriser. Si on détourne la tête, il prendra possession du monde » (p. 310). De la grande littérature. Egalement un de mes préférés.

 

Made in China, de Jean-Philippe TOUSSAINT

Amélie Nothomb n’est pas le seul écrivain belge reconnu en France ; Jean-Philippe Toussaint a, quant à lui, déjà figuré sur la liste des quatre finalistes du Goncourt. Made in China est un livre reposant presqu’exclusivement sur le style, dont l’histoire n’a guère d’importance. « Le sujet, c’est le pouvoir qu’a la littérature d’aimanter du vivant, (…) c’est le hasard dans l’écriture, c’est la disponibilité au hasard que requiert toute création artistique » (p.76), en d’autres mots, c’est l’écrivain en train d’écrire, se regardant écrire…J’aime assez, du moins quand l’auteur a le talent de Jean-Philippe Toussaint. Je ne suis pas loin de penser qu’il est (avec Proust et Trollope) le « maître des parenthèses ». On trouve toutefois sous sa plume l’expression « espaces dédiés », qui, ceux qui me lisent le savent, me donne de l’urticaire. Je conseille, ce nonobstant, la lecture de cet ouvrage. Chronique rédigée par Maître André Tihon

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