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Le premier jour du reste de ta vie
C'est la troisième fois en un peu plus d'un an. Après l'attaque de Charlie Hebdo, j'ai écrit qu’il n’est pas évident de prendre la parole pour exprimer une pensée, une idée, un rêve ou une utopie après les événements de Paris. Après les attentats de novembre, j'ai invité à ne pas céder à la tentation simple et facile du repli sur soi, du rejet de l’autre, du sectarisme ou de trouver chez l’étranger un bouc émissaire. En rappelant qu'il faut apprendre du passé, de l’histoire pour éviter de commettre les mêmes erreurs, pour sortir de l’angélisme, de la naïveté. Après les attentats de ce 22 mars 2016, quand l'horreur frappe aussi près de chez vous, les mots deviennent difficiles à trouver. Les mots justes. Les mots pertinents. Les mots réconfortants. Les mots d'espoir.
Le Barreau dans son ensemble est pourtant un acteur important des événements récents. L'arrestation du principal suspect des attentats de Paris a remis l'avocat sur le devant de la scène. Les principes fondamentaux de notre profession doivent plus que jamais être défendus, haut et fort. Que ce soit le secret professionnel, le devoir de dignité et de probité, ces principes déontologiques fondamentaux de notre profession doivent impérativement être rappelés. Notre travail de défense de la personne arrêtée doit sans cesse être expliqué, éclairci, précisé, détaillé afin d'éviter toute ambiguïté dans l'esprit du grand public. Qu'il soit terroriste, djihadiste, violeur, pédophile, assassin ou simple voleur, fraudeur: le droit de bénéficier d'un avocat reste universel et fondamental. Rappeler aussi parfois que le secret professionnel est un principe déontologique qui assure et garanti l'intérêt du client. Comme le disait Pierre Desproges: "Il vaut mieux se taire et passer pour un idiot plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet". Le confrère qui défendait le convoyeur de l'ennemi public numéro un en novembre dernier aurait bien fait de s'inspirer de cet adage avant de dévoiler devant les caméras de télévisions le contenu du colloque singulier qu'il venait d'avoir avec son client justifiant les armes découvertes dans son véhicule par le fait qu'il faisait des brocantes. Dans ces heures troubles et chaotiques, revenir à l'essentiel, à notre "core business", à notre essence même n'est pas superflu. Sans complaisance, sans dérive et avec professionnalisme, il convient également de rappeler que les quelques confrères qui s'épanchent dans les médias ne constituent pas, loin de là, la majorité des avocats. Un peu comme les djihadistes qui se prétendent musulmans finalement. Demain, nous serons dans un monde moins confortable, nettement moins insouciant, moins sécurisant et donc plus inquiétant. Nous avons cependant entre nos mains les outils pour bâtir la société multiculturelle à venir, un travail encore et toujours à mettre en œuvre. Jean-Pierre JACQUES Rédacteur en chef
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