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(Joyeux) anniversaire !
C'est la période ! On n'arrête pas d'en fêter. 30 ans par ici, 25 ans par là, 40 par ailleurs. Les anniversaires se suivent mais ne se ressemblent pas. C'est tout d'abord le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. A quinze ans, voir défiler tous les lundis des milliers d'Allemands dans les rues en cet automne 1989 est un souvenir qui marque de manière irrémédiable un jeune adolescent. Ils sont 20.000 à Leipzig le 3 octobre, ils seront un million à Berlin-Est le 4 novembre et plus rien ne pourra les arrêter. Sans ordre concret ni consigne mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße est ouvert peu après 23 h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Scotché à l'écran, c'est en direct à la télévision, cette nuit du 9 novembre 1989, que le "mur de protection antifasciste" vient à céder, 28 ans après sa construction. Le 9 novembre 2014, c'est Helmut Kohl, en chaise roulante, qui donne à cette photographie toute sa symbolique. [caption id="attachment_3934" align="alignleft" width="185"] Les murs dans le monde[/caption] Tout d'abord, celle du pouvoir d'hier tant affaibli aujourd'hui. L'homme, même s'il marque l'histoire, ne fait que passer. L'Allemagne, elle, réunifiée depuis le 3 octobre 1990 est, en Europe, plus puissante que jamais. Sa grandeur est ici illustrée par l'imposante porte de Brandebourg, fermée le 13 août 1961 avec la construction du mur et rouverte le 22 décembre 1989. Alors qu'on fête la chute de ce "mur de le honte", on parle cependant très peu de la cinquantaine d'autres murs ou barrières érigés un peu partout dans le monde. Les séparations les plus connues étant le mur entre Israël et les territoires occupés, la barrière séparant les USA du Mexique ou encore la barrière de Ceuta construite par l'Espagne en 2001 pour se protéger de l'immigration clandestine via le Maroc. [caption id="attachment_3928" align="aligncenter" width="300"] Graff de Banksy dans le mur israélien[/caption] [caption id="attachment_3929" align="aligncenter" width="300"] Barrière de Ceuta[/caption] Le photographe Gaël Turine a récemment mis en lumière une autre barrière de séparation bien plus méconnue encore, celle séparant l'Inde du Bangladesh. Erigé à partir de 1993, long de quelque 32.000 km, ce "mur de la peur" est le théâtre d'un décompte macabre avec un triste record d'un mort tous les 5 jours. Les arrestations et cas de tortures y sont en effet devenus monnaie courante tandis que les troupes indiennes de la Border Security Force (BSF) ainsi que, dans une moindre mesure, leur pendant bangladais, la Border Guard Bangladesh (BGB), responsables de ces exactions, jouissent d'une impunité totale. Son reportage a été récompensé par le prix spécial AFD du meilleur reportage photo (Agence Française de Développement), il fait l'objet d'une publication, dans la collection Photo Poche Société, avec le soutien d'Amnesty International. Cette exposition, à Bruxelles jusqu'au 19 octobre dernier, a pris le chemin de Paris et sera montrée dans la Galerie Fait & Cause.C'est l'un des plus grands paradoxes de notre monde contemporain: fêter en grandes pompes le 25ème anniversaire de la chute d'un mur de Berlin alors que les mêmes États et gouvernements financent, rubis sur l'ongle, pour un prix humain et financier exorbitant, des protections de pacotille qui leur permettent de faire croire à leur électorat qu'ils le protège des invasions barbares. [caption id="attachment_3936" align="alignleft" width="300"] Willy Peers, à gauche sur la photo[/caption] Il y a 30 ans disparaissait Willy Peers, gynécologue obstétricien et maître de stage de l'ULB. Figure marquante de la société civile de l'après-guerre, militant engagé, il aura été un précurseur des droits des femmes tant dans le champ politique que comme praticien de terrain et restera dans les mémoires pour son combat pour la dépénalisation de l'avortement. "Trente ans après son décès, près de 25 ans après le vote de la loi Lallemand-Michielsen dépénalisant partiellement l'interruption volontaire de grossesse en Belgique, l'évolution européenne semble marquer un recul dans le contexte d'une crise économique sévère et d'une remontée de l'intégrisme religieux." Ce constat posé, les organisateurs d'un colloque organisé à l'ULB ce 29 novembre 2014 tenteront de répondre à la question: le droit à l'interruption volontaire de grossesse est-il menacé en Europe ? Pour y répondre, dans le cadre d'une perspective géopolitique européenne, l'analyse portera sur la complexité du paysage européen tant par l'examen de la situation de quelques pays représentatifs (France, Espagne, Pologne) qu'en mesurant la dynamique globale de l'espace politique et philosophique européen. Au moment de fêter le 40ème anniversaire de l'adoption de la loi Veil, en France, je ne peux oublier l'interview que son auteure donna au journal français L'Humanité il y a dix ans. Elle confiait: "Ce qui m'énervait alors, c'était de retrouver des croix gammées dans le hall de mon immeuble. C'était difficile pour mes enfants et certains de mes petits-enfants, qui ont eu des réflexions en classe. J'ai également pensé être agressée dans la rue. Or je n'ai eu que 4 ou 5 fois des réflexions très désagréables. Rien par rapport aux milliers de personnes qui m'ont manifesté leur sympathie et qui continuent à le faire."Le discours de Simone Veil devant l'Assemblée... Ce n'est semble-t-il pas un combat d'arrière-garde. En effet, dans le monde, 24 avortements pour 1 000 femmes ont été pratiqués en 2003, un chiffre stable. Si la mortalité liée à cette pratique a reculé de manière continue depuis deux décennies – pour atteindre 40 victimes pour 100 000 naissances en 2008 – l'Organisation mondiale de la santé considère qu'un avortement sur deux reste « pratiqué par des personnes non qualifiées ou dans un environnement non conforme aux normes médicales minimales ». Jean-Pierre JACQUES [caption id="attachment_601" align="alignleft" width="300"] UCM Estivales[/caption]
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