Interview vice et versa

Interview

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JPJ: Commençons par une courte présentation : d’où venez-vous ? de quelle région ? de quelle famille ?

AR: Je suis issu d’une origine modeste et typiquement liégeoise ; ma mère était une enfant de Saint-Pholien et d’Outremeuse, et mon père un gamin de Chênée.

J’ai passé mon enfance sur le plateau de Belleflamme, sur les hauteurs de Grivegnée, dans une ambiance de faubourg rural à peine urbanisé.

 width=Comme j’avais dû assumer le statut pesant de premier de classe dans l’école paroissiale locale, on a cru opportun de me déraciner de ma campagne pour m’inscrire au Collège Saint-Servais, et, un peu malgré moi, dans la filière latin-maths alors que je n’avais de goût que pour les choses littéraires et créatives. Je n’avais rien de l’ingénieur et j’ai toujours aimé jouer avec le verbe et les mots.

Ayant toujours eu, par principe, une relation de méfiance à l’égard de tous les pouvoirs, naturellement, j’ai été attiré par les études de droit, qui permettaient encore à l’époque, le cas échéant, de bifurquer vers le journalisme. 

Mais j’ai été très vite attiré par la profession d’avocat, un peu idéalisée, et sans trop savoir ce qu’elle recouvrait concrètement, par ailleurs.

Lorsque j’ai été élu président de l’A.E.D. (Association des Etudiants en Droit), je crois me souvenir que Patrick HENRY accédait à des responsabilités à la FEDE (Fédération des Etudiants de l'Université de Liège). L’histoire serait-elle un éternel recommencement : rien ne change, tout change ?

Comme j’avais appris pendant mes humanités à travailler, même de manière laborieuse, je n’ai pas eu trop de difficultés à l’occasion de mes études de droit.

JPJ: Pour vous, l’enfance, c’est synonyme de ?

AR: Assurément de liberté, de créativité et de disponibilité à tout, avec le privilège supérieur de l’insouciance.

JPJ: Pourquoi avoir choisi le Barreau ? Quelle était votre motivation, en commençant votre carrière, après 15 ans de Barreau et aujourd’hui ?

 

 

 

 

 

 

 

 

AR: En 3ème licence on me donnait un choix théorique de poursuivre des études de droit dans une université américaine, choix que j’ai négligé sans regret, pour privilégier un lancement à risque dans la vie active, tout en ne connaissant que peu de chose du monde judiciaire et de ses codes sociaux.

Au sortir d’un Conseil de la faculté de droit, Maître Michel FRANCHIMONT m’a glissé dans l’oreille le nom d’un patron de stage qui est aujourd’hui mon associé : Maître André LAMALLE.

Le Barreau était pour moi une terre inconnue ; je m’y suis lancé un peu à l’aventure, m’estimant déjà privilégié d’y avoir pu accéder, et je dois tout à la chance des rencontres que j’ai pu y faire.

La vision romancée ou romantique de l’avocat a vite laissé la place à l’évidente réalité très terre à terre qu’il n’y a pas de résultat sans la patience et le travail. C’est vrai que, passée la trentaine, se pose à la plupart d’entre nous la question de savoir si on arrête ou si on continue. C’est assurément un moment difficile.

Lorsqu’en 1989, Maître André LAMALLE m’a proposé l’association, j’ai accepté avec joie cette nouvelle chance et ce nouveau challenge.

Ce qui est passionnant, dans notre profession, c’est qu’à tous les âges, il faut apprendre, réapprendre et se remettre en cause. La médaille a évidemment son revers avec sa charge de stress et d’anxiété que cause la prise de risque.

Je dois vous avouer que je ne vois pas le temps passer. En 30 ans ma pratique de métier n’a jamais cessé d’évoluer.

JPJ: Le Barreau en 2013 pour vous, c’est Toy-Story ? 1001 pattes ? Monstres & Cie ? Les Indestructibles ? ou Rebelle ?

AR: Je ne connais rien à ces films d’animation. Désolé.

Pensant à l’aide juridique, s’il y faut une référence cinématographique, je dirais Apocalypse now.

JPJ: En humour, vous êtes plus fan de Desproges ou Devos ?

AR: Les deux, mon Colonel : Desproges pour l’humour noir et l’anticonformisme, et Devos pour le jongleur de mots.

J’ai tous les livres de Desproges dans ma bibliothèque et je n’ai pas raté un spectacle de Devos quand il venait à Liège.

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JPJ: Vous pouvez changer le monde demain, par quoi commencez-vous ?

AR: Le monde est triste, les gens sont tristes : je commence par un éclat de rire et à décréter la joie.

JPJ: Auquel des 7 nains de Blanche-Neige vous sentez-vous le plus proche ?

AR: Ce qu’il y a de bien avec ces personnages, c’est qu’il n’y a pas un moment de votre vie auquel ils ne vous correspondent, ou un moment de la journée, voire une plaidoirie. Les 7 nains sont nos 7 facettes.

Je commence à plaider Timide, le juge s’agace de mon côté Prof, je suis  Dormeur quand l’adversaire plaide, Atchoum quand il est bon. Grincheux ou Joyeux selon le prononcé. Simplet, toujours.

JPJ: Que vous inspire la citation suivante de Francis Blanche : « Je ne suis pas raciste. La preuve, je n’hésite pas à écrire noir sur blanc mes pensées » ?

AR: Selon la phrase consacrée, on peut rire de tout, même du racisme, mais pas avec tout le monde. En humour comme en toute autre chose, il faut choisir son public. A défaut, par maladresse, on devient blessant sans le savoir.

JPJ: « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (Jean de la Fontaine) : cette citation se vérifie-t-elle dans la réalité ?

AR: L’invariant de la société, c’est la tyrannie et l’abus de pouvoir. C’e

st par un combat et une énergie de tous les jours que la démocratie permet d’être en résistance à cette tendance lourde, de lui faire contrepoids. La violence de notre temps au préjudice des plus faibles m’exaspère.

JPJ: En cuisine, quel est votre plat préféré ?  Êtes-vous du genre « Top Chef » ou plutôt « La cuisine pour les Nuls » ?

AR: La table : la question qui tue …

Joker : question suivante.

JPJ: Les vacances idéales selon vous, c’est … ?

AR: C’est quoi les vacances ?  Je blague. Mes vacances idéales, d’expérience, le prétexte de courir un marathon au bout du monde.

Je constate qu’il n’y a aucune question sur ma passion du sport, cela ne va pas !

 

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